par Simon Evans

MANCHESTER, Angleterre, 21 avril (Reuters) - Le projet de Super Ligue européenne de football a pris du plomb dans l'aile mardi soir avec le retrait des six équipes anglaises impliquées dans cette initiative qui regroupait parmi les plus grands clubs du continent, deux jours à peine après l'officialisation du projet ayant provoqué un flot de critiques.

Dans le sillage de Manchester City, actuel leader de la Premier League - la première division du championnat anglais - qui fût le premier à officialiser son retrait, Manchester United, Arsenal, Tottenham, Liverpool puis Chelsea ont dit renoncer à ce projet, cédant à la pression populaire.

Supporteurs, joueurs, entraîneurs et même dirigeants politiques ont exprimé leur mécontentement à l'égard de ce projet de compétition en grande partie fermée, réservée pour l'essentiel à ses membres fondateurs et organisée en marge des compétitions des fédérations nationales et de l'UEFA pour concurrencer la Ligue des champions chapeautée par l'instance dirigeante du football européen.

La Fédération internationale de football (Fifa) et l'UEFA avaient menacé de sanctions les clubs et joueurs dissidents.

Dans un communiqué publié après le retrait des six clubs anglais, les fondateurs de la Super Ligue ont indiqué qu'ils allaient désormais oeuvrer à "redessiner le projet", se disant toujours convaincus de la nécessité de changement pour le football européen.

"Malgré l'annonce du départ des clubs anglais, contraints de prendre une telle décision du fait des pressions exercées contre eux, nous sommes convaincus que notre proposition est complètement alignée sur les lois et régulations européennes", ont-ils déclaré.

"BON SENS"

Avec le retrait des clubs de Premier League, trois clubs espagnols et trois clubs italiens sont désormais parties prenantes du projet de Super Ligue: Real Madrid, Atletico Madrid, FC Barcelone, Inter Milan, AC Milan et Juventus Turin.

Toutefois, selon l'agence de presse italienne ANSA, l'Inter Milan envisage aussi de se retirer du projet "en l'état".

Aucun club allemand ni français ne s'est engagé à participer à la Super Ligue.

Dans un bref communiqué publié sur son site internet, Manchester City a déclaré pouvoir "confirmer qu'il a officiellement lancé les procédures pour se retirer du groupe développant des projets pour une Super Ligue européenne".

Ce retrait a été immédiatement salué par le président de l'UEFA, l'instance dirigeante du football européen.

"Je suis ravi d'accueillir de nouveau City au sein de la famille du football européen", a dit Aleksander Ceferin dans un communiqué. "Il faut du courage pour reconnaître une erreur mais je n'ai jamais douté du fait qu'ils avaient la capacité et le bon sens nécessaire pour prendre cette décision."

Lorsque la nouvelle du retrait à venir de Chelsea s'est propagée avant son match de championnat à domicile contre Brighton and Holve Albion, les supporters du club londonien ont laissé éclater leur joie dans les rues autour du stade de Stamford Bridge.

Avant que Liverpool n'officialise son retrait via Twitter en toute fin de soirée mardi, les joueurs des "Reds" avaient pour leur part partagé sur le réseau social un message dans lequel ils affirmaient leur volonté de ne pas participer à une Super Ligue.

Les 14 autres clubs de Premier League qui ne sont pas impliqués dans ce projet se sont réunis ce mardi avec la Fédération anglaise de football pour discuter de cette crise.

La Premier League a publié un communiqué dans lequel elle dit rejeter "unanimement et vigoureusement" la Super Ligue et annonce une réflexion sur les mesures éventuelles à prendre à l'encontre des six clubs dissidents.

(Simon Evans; version française Bertrand Boucey et Jean Terzian)