En Chine, le virus a déjà tué près de 2500 personnes pour environ 77 000 cas. Une trentaine d’autres pays sont concernés dont la Corée du Sud, l’Iran mais également le nord de l’Italie (150 cas et 5 morts) où des mesures de quarantaine ont été prises aux portes de la France.

Provisoirement en déclin, les inquiétudes au sujet des conséquences sur la croissance mondiale grandissent logiquement. Apple prévient que ses objectifs de vente ne seront pas atteints. Wall Street plonge de 3% et les attentes autour d’une réaction de la FED augmentent. 25% des investisseurs anticipent une baisse de taux de la banque centrale américaine en mars, contre 11% auparavant.

Le président de l’institution Jerome Powell avait pourtant profité de son audition semi-annuelle au Congrès pour répéter qu’il jugeait la politique monétaire adaptée aux perspectives actuelles, sans toutefois ignorer les risques liés à l’épidémie. Côté macro, les prix à la consommation et les ventes aux détails de l’Oncle Sam enregistrent des scores conformes aux prévisions mais l’indicateur PMI Composite fait office de premier couac pour Washington cette année en dévoilant une activité en contraction pour la première fois depuis 2013.

En Europe, le tableau reste tout aussi contrasté même si l’activité privée accélère légèrement au mois de février. En Allemagne, l’incertitude politique vient se mêler à une croissance en berne (0% au T4 2019) après la démission d’Annegret Kramp-Karrenbauer, pourtant promise à un destin de Chancelière. La présidente de la CDU, le parti d’Angela Merkel, se retire en raison de tensions au sein de sa famille politique liées à un potentiel copinage de circonstance avec l’extrême droite. Du côté de la BCE, Christine Lagarde appelle à nouveau les Etats à engager les réformes nécessaires pour soutenir l’économie européenne dans le sillage des efforts de Francfort mais une action coordonnée des Dix-Neuf semble bien improbable à ce stade. La Commission européenne se veut néanmoins optimiste et maintient sa prévision de croissance pour 2020 et 2021 (+1.2%).

De l’autre côté de la Manche, la démission surprise du Ministre Des Finances donne le ton. Plusieurs observateurs l’expliquent par l’hypothèse d’un important dumping fiscal, visant à contrer les effets indésirables de la récente émancipation du Royaume-Uni. La présentation du budget est prévue le 11 Mars. Pour l’heure, le PIB britannique enregistre une progression de +1.4% en 2019 et les indicateurs PMI sont ressortis au-delà des attentes, confirmant un plus haut depuis 2018. Lors d’une intervention à la Chambre des Lords, Mark Carney, qui cèdera bientôt sa place à la tête de la Banque d’Angleterre, avait par ailleurs tenté de rassurer quant à l’impact du Coronavirus sur l’économie du pays.

En Nouvelle-Zélande, la banque centrale a entériné un statu quo attendu mais s’est montrée moins accommodante que prévu. La RBNZ a en effet semblé préoccupée par le niveau de l’inflation bien qu’elle s’attende à ce que l’épidémie du partenaire chinois affecte l’économie locale au premier semestre, voire au-delà.

Enfin au Japon, la forte baisse du Yen des 19 et 20 février pourrait s’expliquer par les arbitrages du fonds de pension public nippon, lequel augmenterait sa participation en emprunts d’Etat étrangers.

Dans les jours qui viennent, les cambistes surveilleront essentiellement l’évolution du Coronavirus en dehors de Chine alors que l’actualité économique sera pauvre jusqu’à la fin du mois.

Graphiquement, l’Euro s’est pris les pieds dans le tapis et a échoué à préserver un support-clé juste sous 1.09 USD. La monnaie unique trouvera finalement davantage de soutien sous 1.08, juste à l’endroit du plus haut du 20 Avril 2017 (1.0778). La respiration nous semble néanmoins purement technique et les ventes sur rebond continuent d’être attractives, d’abord à 1.0919 puis potentiellement à 1.1014 USD.

Fébrile, le Pound s’est appuyé sur 1.2880 pour rester au contact de 1.30 USD. Les échanges s’équilibrent dans cette zone et nous sommes à l’écart de la parité.

Pénalisé par la vigueur du billet vert, le Kiwi n’a pas beaucoup profité de la teneur du dernier communiqué de la RBNZ et la devise néo-zélandaise se rapproche à nouveau d’un support de long terme au-dessus de 0.62 USD, un seuil à surveiller.

Du côté des valeurs refuges, la paire EUR/CHF préserve 1.06 de justesse en clôture quotidienne à la faveur d’une réaction technique après avoir enregistré des niveaux inédits depuis mi-2015. Le Franc reste clairement surévalué, comme le reconnait elle-même la BNS, et nous restons acheteurs de long terme.

Enfin, le Yen corrige ses excès. Malgré la crise sanitaire qui alimente l’aversion au risque, la paire USD/JPY s’est offert un aller-retour remarqué au-delà de 112 JPY. De retour au contact de 110.80, le cours reste suspendu à l’actualité liée à l’épidémie avec un niveau-clé à 109.75 à surveiller.