Pékin et Washington ont enfin validé l’accord de phase 1 de nature à rééquilibrer la balance commerciale entre la Chine et les Etats-Unis. Le géant asiatique s’est en effet engagé à acheter l’équivalent de 200 milliards de dollars de produits américains supplémentaires au cours des deux prochaines années. En contrepartie, l’administration Trump renonce à imposer de nouveaux droits de douane sur les importations chinoises. Des promesses qui devront être respectées de part et d’autre sous peine de faire échouer la deuxième phase de tractations. Celle-ci s’annonce déjà particulièrement tendue alors que le ralentissement chinois a atteint un plus bas en près de 30 ans.

Dans la foulée, le nouveau traité de libre-échange nord-américain a été définitivement approuvé par le Congrès américain. L'Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM) remplace donc l’ALENA.

Du côté de la guerre des monnaies, la première puissance mondiale a retiré la Chine de la liste des pays manipulant leur devise, un geste de bonne volonté officialisé en amont de la signature de l’accord sur le commerce. L’Oncle Sam avertit en revanche la Suisse, dont l’excédent commercial attire l’attention. Cela pourrait compliquer la tâche de la BNS dans sa quête de combattre la cherté chronique du Franc par des injections de liquidité sur les changes.

Aux Etats-Unis, les statistiques restent solides. Le taux de chômage évolue dans ses plus bas niveaux en un demi-siècle (3.5%), les prix à la consommation progressent de +2.3% sur un an au mois de décembre, contre +2.1% le mois précédent, et les ventes au détail ont été conformes aux attentes sur la même période (+0.3% d’un mois sur l’autre). Rien de nature à sortir la Réserve Fédérale de sa torpeur programmée.

En Europe, plusieurs membres du Conseil des gouverneurs de la BCE ont évoqué « la nécessité d’être attentif aux effets secondaires possibles des mesures actuelles », plaidant pour un « suivi étroit » à l’avenir, selon les minutes de l’autorité monétaire. Les argentiers européens se disent néanmoins « confiants » au sujet de la politique actuelle, estimant qu’il existe toujours une marge pour baisser encore les taux.

Enfin, de l’autre côté de la Manche, les signaux négatifs s’accumulent en dépit d’un léger recul des incertitudes liées au Brexit. D’abord le PIB a reculé de 0.3% en novembre, faisant craindre un retour du pays en récession. Aussi, l’inflation a de nouveau manqué son consensus, enregistrant un score de seulement +1.3% sur un an, loin de l’objectif de la banque centrale (2%). Enfin les ventes au détail se replient de 0.6% au mois de décembre, contre +0.6% attendu à l’inverse. Alors que deux membres du Comité de la Banque d’Angleterre ont déjà voté en faveur d’une baisse de taux lors des deux précédentes réunions, plusieurs responsables de l’institution se sont récemment exprimés en faveur d’une telle option. Réponse le 30 Janvier.

D’ici là se succèderont plusieurs autres réunions de banques centrales la semaine prochaine : la Banque du Japon dans la nuit de lundi à mardi, la Banque du Canada mercredi et la BCE jeudi. Nous surveillerons également le chômage australien dans la nuit de mercredi à jeudi ou encore les indicateurs PMI européens et britanniques vendredi.

Graphiquement, l’Euro continue d’être pénalisé par les divergences de politique monétaire de part et d’autre de l’Atlantique. La BCE n’a, semble-t-il, pas dit son dernier mot en matière de soutien à l’économie et les hausses de la monnaie unique offrent une opportunité de vente à chaque fois. Sous 1.1077, 1.1004 et 1.0899 sont les prochains supports.

Si le cable tente de s’ancrer autour du seuil psychologique de 1.30 USD depuis le début de l’année, les spéculations autour d’une baisse de taux de la BoE devraient néanmoins davantage faire pression sur la devise au cours des prochaines séances. Aux cours actuels, nous préférons donc les ventes avec 1.2933 et surtout 1.2829 USD en ligne de mire.

A en croire le poète, mieux vaut acheter au son du canon et vendre au son du clairon. Un aphorisme qui pourrait s’appliquer au Yen, valeur refuge, dans les jours qui viennent. Alors que la paire USD/JPY a regagné 110, la signature de l’accord sino-américain pourrait engendrer une vague de prises de bénéfices au moment où les inquiétudes quant à la phase 2 vont refaire surface. Nous envisageons un retour vers 109.30, voire 108 JPY.

Enfin, même si les Etats-Unis la surveillent de près, la BNS semble pour le moment avoir toutes les peines du monde à influencer le cours du Franc suisse. Face à l’Euro, la devise helvétique grimpe encore et la paire EUR/CHF s’apprête à combler le gap Macron évoqué la semaine passée en revenant au contact de 1.07. Une zone d’achat optimale.