Du côté de la guerre commerciale d’abord, l’imbroglio reprend le dessus sur les espoirs d’un compromis entre Pékin et Washington, soutenant le Yen et le Franc suisse. Trump réclamerait que la Chine achète 50 milliards de produits agricoles américains mais le Wall Street Journal a révélé que la deuxième économie mondiale ne souhaiterait pas s’engager sur des données chiffrées dans le cadre du fameux accord de phase 1 espéré par les marchés. Les deux grandes puissances ne s’entendraient par ailleurs toujours pas sur la levée progressive des tarifs douaniers, une condition obligatoire pour Pékin. A contre-courant de ces informations, le principal conseiller économique à la Maison-Blanche, Larry Kudlow, tente de rassurer en évoquant l’imminence d’un accord.

Aux Etats-Unis, le Dollar hésite, tiraillé entre un statut de valeur refuge et le risque de nouvel assouplissement de la FED en cas d’escalade des tensions. Une audition de Jerome Powell au Congrès a néanmoins confirmé que la Réserve Fédérale ne devrait pas baisser davantage ses taux à moyen terme. Le président de la banque centrale américaine s’est félicité de la bonne santé de la première économie mondiale et de la solidité du marché de l’emploi. Au niveau des statistiques, les ventes au détail progressent de +0.3% d’un mois sur l’autre en octobre alors que la hausse des prix à la consommation accélère à +1.8% sur un an.

En zone Euro, le PIB avance de +1.2% sur un an au troisième trimestre. Un score qui, bien que modeste, surpasse légèrement les attentes. L’Allemagne, dont l’activité manufacturière accuse le coup des dérives protectionnistes qui pénalisent l’économie mondiale, échappe à la récession anticipée en dévoilant une croissance de +0.1% au T3. En dépit de ces nouvelles relativement rassurantes, Luis de Guindos, membre du directoire de la BCE, estime que l’autorité monétaire n’a pas encore épuisé son arsenal de mesures pour soutenir l’activité de l’Union monétaire, ce qui empêche la monnaie unique de se reprendre plus nettement. Rappelons que l’inflation s’est progressivement éloignée de l’objectif de la garante de la stabilité des prix (+0.7% sur un an pour une cible proche mais inférieure à 2%).

Au Royaume-Uni, le Pound reste ferme. Les Conservateurs ont fait un pas de plus vers la victoire aux législatives lorsque Nigel Farage, chantre du Brexit accusé de siphonner l’électorat eurosceptique des Tories, a choisi de retirer ses candidats dans plus de 300 circonscriptions. La manœuvre consiste à soutenir le camp du Premier ministre face au Labour pour ne pas compromettre les chances d’une sortie de l’UE à court terme. Sur le front macro, Londres évite la récession technique après une contraction du PIB au deuxième trimestre alors que l’économie britannique enregistre une croissance de +0.3% au T3 selon une première estimation. Et bien que l’inflation se tasse encore un peu, à +1.5% sur un an, le taux de chômage recule à 3.8%, un record en 45 ans comparable au plein emploi, et la croissance des salaires reste élevée (+3.6% sur un an).

En Australie en revanche, la monnaie dégringole. De mauvais chiffres sur le front de l’emploi remettent en cause le récent optimisme de la RBA, laquelle présente la particularité un lien étroit entre ses décisions de politique monétaire et l’évolution du marché du travail.

Enfin la banque centrale néo-zélandaise, à l’instar de son homologue australienne la semaine passée, s’est montrée satisfaite de l’évolution des conditions économiques depuis le mois d’Août. La RBNZ a ainsi relevé sa prévision d’inflation pour 2020 de +1.7 à +2.1% et accompagné cet ajustement d’un statu quo sur ses taux (1%). Comme les marchés évaluaient à 80% la probabilité d’une baisse d’un quart de point, le Kiwi s’est logiquement envolé à l’annonce de cette décision.

La semaine prochaine, nous surveillerons les comptes-rendus de la RBA dans la nuit de lundi à mardi, puis de la FED mercredi soir et de la BCE jeudi. Les indicateurs PMI de novembre seront dévoilés vendredi matin en zone Euro.

Graphiquement, l’Euro hésite toujours au contact de 1.10 USD et les ventes sur rebond continuent de s’imposer. 1.1080 et 1.1166 USD sont des résistances. 1.0899 notre prochain objectif.

De l’autre côté de la Manche, le cable s’est parfaitement repris sous 1.28 USD alors que le scénario d’un divorce ordonné gagne en crédibilité. En cas de clôture quotidienne au-delà de 1.2972, nous envisagerons une accélération vers 1.3296.

Du coté des valeurs refuges, le Yen et surtout le Franc ont réenclenché la marche avant, bien que celle-ci fût atténuée au cours des dernières heures de cotation. Sensibles aux fondamentaux, les paires USD/JPY et EUR/CHF sont régulièrement sujettes aux pièges techniques. Ainsi la première avait effacé 109 JPY avant de replonger d’une centaine de points. Nous sommes désormais neutres entre 108 et 109.30. La seconde était parvenue à s’installer au-delà de 1.10 CHF, avant de reculer de deux figures, mais nous restons positifs au-dessus de 1.0823.

Enfin, les Dollars australien et néo-zélandais ont connu, comme la semaine passée, des destins bien différents. Dans l’autre sens cette fois-ci. L’Aussie signe la plus mauvaise performance des majeures au cours des cinq dernières séances et nous sommes neutres entre 0.6753 en 0.6915 USD. Le Kiwi progresse suite à l’annonce du statu quo de la RBNZ qui a contraint les traders à réajuster leurs positions. Nous sommes toutefois toujours vendeurs sous 0.6490 USD.