Sur le front de la guerre commerciale, la reprise des négociations entre Pékin et Washington, prévue début octobre, favorise effectivement un apaisement provisoire. Ainsi, Donald Trump a reporté au 15 octobre une hausse des tarifs douaniers sur 250 milliards de marchandises chinoises, encourageant le géant asiatique à annoncer une série d’exemptions de surtaxes sur certains produits agricoles américains chers au locataire de la Maison-Blanche. Des caresses en trompe l’œil qui laissent présager des tractations délicates le mois prochain alors que le président américain n’a pas l’intention de décevoir son électorat à un an d’une potentielle réélection.

Aux Etats-Unis, l’inflation sous-jacente a atteint des niveaux inédits en douze mois (+2.4% sur un an) mais la Réserve Fédérale a, comme attendu, desserré davantage la vis du loyer de l’argent en abaissant son principal taux directeur d’un quart de point supplémentaire. Comme en juillet dernier, deux des dix membres votants du Comité auraient préféré un statu quo mais un autre s’est en revanche exprimé en faveur d’une baisse plus prononcée (-0.5%). Le Dollar reste toutefois vigoureux alors que l’autorité monétaire a relevé sa prévision de croissance de +2.1 à +2.2% cette année, une manière de doucher les attentes autour d’un nouvel assouplissement en 2019, ce malgré une intervention remarquée de la FED de New-York pour contenir les taux à court terme.

En Europe, la BCE a dévoilé son nouveau paquet de mesure sans pleinement satisfaire l’avidité d’un marché insatiable. Baisse de taux sur les dépôts, nouveaux rachats de dettes publiques et privées sans limite dans le temps et prêts géants aux banques n’ont pas convaincu les investisseurs, signe que l’économie européenne ressemble désormais plus à un toxicomane en manque qu’à un malade en convalescence. Des rumeurs indiquent que la dernière réunion de l’institution aurait été particulièrement tendue et Mario Draghi invite les Etats de l’Union monétaire à soutenir plus énergiquement l’économie. Reste à espérer que Christine Lagarde, forte de son expérience de Ministre française de l’Economie et des Finances ainsi que de Directrice Générale du FMI, saura emboiter le pas de son prédécesseur. En mieux.

Côté Brexit, Boris Johnson tente de sortir de la tourmente en se disant « prudemment optimiste » quant à l’obtention d’un accord avec Bruxelles d’ici le 31 octobre prochain. Pourtant, pour Johnson comme pour May, le sujet du backstop irlandais reste insoluble et il s’avère sans doute plus raisonnable d’être « modérément pessimiste » quant à une issue positive dans tout juste six semaines. Puisque le no deal n‘est toujours pas une option crédible à ce stade, un report du Brexit au 31 Janvier 2020 devrait alors être entériné.

Au Japon, la BOJ vient d’annoncer un statu quo tout en ouvrant largement la porte à une action dès sa prochaine réunion fin octobre. Le communiqué de la banque centrale japonaise indique qu’il est devenu nécessaire de prêter davantage attention au ralentissement de l’économie nippone. Des sources ont par ailleurs laissé entendre que l’institution pourrait opter pour une nouvelle baisse de taux, pourtant déjà en territoire négatif (-0.10%).

Enfin en Suisse, la Banque nationale suisse a également laissé sa politique monétaire inchangée en précisant que le Franc restait surévalué et qu’elle continuerait à intervenir sur le marché des changes si nécessaire. La BNS a révisé en baisse ses prévisions de croissance en raison des tensions commerciales, lesquelles impactent directement le commerce extérieur dont les multinationales du pays sont particulièrement dépendantes.

Au cours des prochaines séances, les cambistes surveilleront la banque d’Angleterre ce jeudi puis les indicateurs PMI européens lundi. La banque centrale néo-zélandaise, qui avait surpris les marchés en abaissant son taux directeur d’un quart de point le mois dernier, se réunira dans la nuit de mardi et mercredi.

Graphiquement, l’Euro résiste à la nouvelle offensive de la BCE mais peine à s’éloigner de ses points bas annuels. Sous 1.1082 et 1.1143, les ventes sur rebond conservent notre intérêt.

De l’autre côté de la Manche, le Pound poursuit le rebond entamé au début du mois. Le cable devra désormais effacer 1.2573 en clôture daily avant de s’autoriser une nouvelle accélération. Sous 0.8924, la paire EUR/GBP s’est déjà ouvert la voie d’un repli plus prononcé vers 0.8733.

Le Yen a parfaitement comblé le gap qui s’était formé à l’ouverture dimanche en raison des turbulences sur le pétrole et le couple USD/JPY se dirige à nouveau vers 108.90, un niveau-clé qui pourrait faire résistance et redonner une certaine vigueur à la devise japonaise à quelques jours d’une reprise des négociations sino-américaines.

Enfin, la paire EUR/CHF échoue toujours à s’installer durablement au-dessus de 1.10 malgré les efforts répétés de la BNS. Un net retracement se dessine néanmoins et une clôture quotidienne au-delà de 1.1019 CHF encouragerait une accélération du cours vers 1.1150.