En Europe d’abord, l’Italie, l’Allemagne et la BCE font les gros titres.

Du côté de Rome, Matteo Salvini se révolte et faite exploser la coalition au pouvoir depuis plus d’un an, provoquant la démission du chef du gouvernement Giuseppe Conte. Populaire dans les sondages à la faveur d’arguments populistes, le vice-président transalpin espère l’organisation de nouvelles élections pour prendre seul les commandes du Palais Chigi. L’ex-président du Conseil Matteo Renzi appelle toutes les forces politiques du pays à s’unir dans une forme de front républicain pour « sauver » le pays d’une dérive « extrémiste ».

En Allemagne, des informations de presse révèlent que le gouvernement allemand serait prêt à renouer avec un budget déficit en prévision d’un ralentissement plus prononcé. L’économie du moteur de l’Union monétaire s’est contractée de 0.1% au deuxième trimestre et Berlin, au bord de la récession, envisagerait de débloquer une enveloppe de 50 milliards d’euros pour soutenir la croissance.

Francfort pourrait toutefois réagir avant. A l’occasion d’une interview au Wall Street Journal, Olli Rhen, membre du Conseil de la BCE, déclare qu’il est préférable de « dépasser » les attentes du marché plutôt que d’être « en-dessous ». Le gouverneur de la Banque de Finlande estime « important » d‘élaborer « un ensemble de mesures importantes et percutantes pour septembre ».

De l’autre côté de la Manche, le Royaume-Uni enregistre la première contraction de son PIB depuis fin 2012 (-0.2% au T2) alors que les économistes anticipaient une croissance nulle. Côté Brexit, si Boris Johnson affirme toujours vouloir quitter l’UE, quelles que soient les conditions, dès le 31 octobre, des documents confidentiels du gouvernement au sujet des conséquences dévastatrices d’un no deal ont fuité dans le Sunday Times. Des révélations de nature à fragiliser davantage le Premier ministre à deux semaines de la rentrée parlementaire.

Aux Etats-Unis, le rendement du taux à 10 ans est brièvement passé sous celui de son homologue à 2 ans pour la première fois depuis 2007, donnant une énième occasion à une foule d’apprentis prophètes de nous annoncer la fin du monde. Rappelons-nous au passage qu’on nous avait déjà servi le très mauvais présage de l’inversion de la courbe des taux au printemps dernier sur fond de force singulière du taux américain à 3 mois, pourtant notre planète tourne toujours.

Si on se fie uniquement aux faits, la première économie mondiale voient ses prix à la consommation progresser de +0.3% au mois de juillet, contre +0.1% en juin. Sur un an, l’inflation progresse de +1.8% contre seulement +1.6% le mois précédent. Hors éléments volatils (énergie et alimentation), le score atteint même +2.2% sur un an. Le krach pourrait encore un peu patienter.

Sur le front de la guerre commerciale maintenant, le report au 15 décembre des nouveaux tarifs douaniers promis à Pékin par Washington semble avoir échoué à calmer durablement les pessimismes. Au regard de la production industrielle chinoise, qui pointe désormais à son plus bas niveau en 17 ans, le ver est en effet déjà dans le fruit.

Si plusieurs économies en développement se préparent même à davantage de secousses en baissant de concert leurs taux directeurs, un autre signe de fébrilité des marchés émergents nous vient à nouveau d’Argentine. Le net revers du président libéral sortant aux primaires de la présidentielle du 27 octobre prochain a fait plonger le Peso argentin de plus de 35% en une seule journée face au Dollar, contraignant les candidats à appeler au calme.

Cette semaine, les cambistes pourraient ajuster leurs attentes en matière de politique monétaire. D’abord en décortiquant les minutes de la FED puis de la BCE, mais aussi et surtout en suivant le traditionnel rassemblement annuel des banquiers centraux à Jackson Hole. Le discours de Jerome Powell prévu vendredi est particulièrement attendu. Côté macro, les derniers indicateurs PMI européens seront dévoilés jeudi matin.

Graphiquement, l’Euro évolue proche de ses récents points bas et chaque rebond technique nous offre une opportunité de vente. 1.1156, 1.1271 et 1.1399 sont des résistances potentielles tandis que 1.1071 et 1.10 USD constituent les objectifs les plus proches des cours actuels.

De la même façon, le Pound peine à résister et les échanges s’organisent juste au-dessus de 1.20 USD, un support fragile qui pourrait, en cas de rupture, ouvrir la voie vers les plus bas niveaux de l’Histoire de la monnaie britannique face à un panier de devises. Malgré un certain optimisme quant à la possible éviction de Boris Johnson par Westminster, nous sommes à l’écart de la parité dans un contexte aussi imprévisible qu’inédit.

De son côté, le Yen profite largement du climat actuel d’aversion au risque. Respirant provisoirement au contact de sa moyenne mobile à 20 jours, la paire USD/JPY nous offre cependant une occasion de vendre sur rebond pour viser un retour vers 105.40, voire 103.10 JPY.



Enfin en Argentine, le Peso est pénalisé par l’actualité électorale qui force le président sortant à réajuster son programme. La paire USD/ARS s’est appuyé sur 45.166 pour s’envoler vers 62.200 ARS avant d’entamer une phase de consolidation. Une correction plus nette n’aurait rien d’extraordinaire, en particulier en cas de nouveau spike haussier, toutefois la volatilité de la paire pousse à la prudence.