En Europe, malgré le succès florissant des formations anti-UE, le raz-de-marée populiste, redouté par les marchés à l’occasion des élections, n’a finalement pas eu lieu. Grâce à une forte hausse de la participation, les trois formations eurosceptiques ne gagneraient en effet qu’une vingtaine de sièges au Parlement pour atteindre 172 députés à Strasbourg, loin de la majorité absolue, fixée à 376 sièges.

En Italie toutefois, le succès de la Ligue de Matteo Salvini contribue à galvaniser les intentions belliqueuses du vice-président du Conseil. Ainsi le dirigeant transalpin a-t-il réitéré son intention de renégocier les règles européennes afin de satisfaire ses largesses budgétaires. La Commission européenne avertit que des mesures disciplinaires devraient être lancées contre Rome le 5 juin prochain en raison de la hausse trop importante de son endettement public.

Au Royaume-Uni, c’est bien le nouveau Parti du Brexit de Nigel Farage qui a remporté le scrutin avec 31.7% des voix. Mais les trois principaux mouvements europhiles (Libéraux-Démocrates, Labour et Green Party) totalisent néanmoins 43.7%, de quoi donner de l’espoir quant à l’issue d’un potentiel second référendum. Avec seulement 8.7% des suffrages, le Parti conservateur au pouvoir, sanctionné pour sa gestion catastrophique du Brexit, n’arrive qu’en cinquième position.

Dans un ultime sursaut, Theresa May avait pourtant présenté un nouveau projet de loi impliquant un maintien du pays dans une union douanière temporaire avec l’UE et la possibilité d’un second référendum. Mais en voulant satisfaire l’opposition, la Première ministre a déclenché la colère de son propre camp. Andrea Leadsom, ministre chargée des relations avec le Parlement, a démissionné. Theresa May a d’abord décidé le report du projet, alors que le texte devait être soumis au vote du Parlement au début du mois prochain, avant d’annoncer qu’elle quitterait finalement ses fonctions le 7 juin prochain, regrettant de ne pas avoir pu mettre en œuvre le Brexit. Boris Johnson, partisan d’une ligne dure au sein des Tories, est pressenti pour lui succéder le 20 juillet. Côté macro, l’inflation recule à +2.1% sur un an (-0.1%), en ligne avec la cible traditionnelle de 2%, soit un souci en moins pour la Banque d’Angleterre à court terme.

Aux Etats-Unis, la Réserve Fédérale estime dan son dernier compte-rendu que la première puissance mondiale évolue dans un environnement de « croissance modéré et de pressions inflationnistes inexistantes ». Elle reconnait pourtant que les nombreuses incertitudes qui affectent les perspectives ont diminué malgré des risques persistants qui planent sur l’économie mondiale, une façon d’écarter le scénario d’une baisse de taux en 2019.

Sur le front de la guerre commerciale, les tensions sino-américaines restent vives et Pékin dénonce un « harcèlement » de Washington. Les indicateurs PMI au Japon, en Europe et surtout aux Etats-Unis ont été très décevants, l’activité privée américaine, au plus bas depuis trois ans, accusant un fort ralentissement en mai. Le FMI s’inquiète pour la reprise de l’économie mondiale au second semestre.

Enfin en Australie, le dernier compte rendu de la banque centrale confirme que l’institution envisage une baisse de taux le mois prochain.

Cette semaine, les cambistes surveilleront essentiellement la Banque du Canada mercredi et la seconde estimation du PIB américain au premier trimestre jeudi.

Graphiquement, l’Euro enregistre de nouveaux points bas annuels mais rebondit immédiatement au contact de sa moyenne mobile à 50 jours. Le timing est idéal pour initier ou renforcer une ligne vendeuse, toujours avec 1.1135 et 1.10 USD en ligne de mire.

Le Pound poursuit sa dégringolade, imprimant 15 bougies rouges au cours des 16 dernières séances. Après la démission de Theresa May et la perspective d’une ligne plus dure outre-Manche, une pause dans l’émergence de catalyseurs baissiers semble néanmoins probable. Un rebond technique pourrait donc finir par se dessiner au contact de 1.2663 puis 1.2515 en dernier recours.

De son côté, le Franc suisse flirte au contraire avec ses points hauts annuels et la paire EUR/CHF, très surveillée par la BNS, nous offre une opportunité d’achat au contact de 1.1219 puis 1.1159 CHF. Objectifs 1.1317 puis 1.1450.



Enfin le Yen, autre valeur refuge recherchée par les investisseurs, se renforce également sous l’effet des risques liés à la guerre commerciale. Le couple USD/JPY peine à s’accrocher au seuil-clé que représente 109.90 JPY et une rupture de 109.20 en clôture quotidienne ouvrirait la voie d’un nouveau mouvement baissier vers 107.40 JPY.