Sur fond de débats houleux au Parlement britannique, Theresa May attaque une nouvelle semaine décisive avant le vote des députés sur l’accord avec l’UE le 11 Décembre. Si les europhobes ont trouvé un soutien de poids en la personne de Donald Trump, toujours prompt à s’ingérer dans les affaires des autres, un rapport de la Banque d’Angleterre met en garde Westminster sur les conséquences catastrophiques d’un Brexit désordonné. Les argentiers de sa Majesté pronostiquent notamment une chute du PIB de l’ordre de 8% et une dégringolade de la Livre de 25% qui pourrait propulser l’inflation à 6.5%.

Pendant que la Première ministre s’active en coulisses pour convaincre son pays qu’il s’agit bien du meilleur accord possible, les jeux semblent encore loin d’être faits. Une tendance commence néanmoins à se dégager et un nouveau scénario, aussi peu crédible soit-il, gagne du terrain : rejet de l’accord au Parlement, chute de Theresa May, report du Brexit (prévu le 29 Mars prochain) et nouveau référendum.

En Europe, Mario Draghi a signalé au Parlement européen qu’il était nécessaire de poursuivre les efforts afin de supporter la hausse des prix. L’inflation sous-jacente a d’ailleurs enregistré un nouveau recul au mois de novembre, pointant à seulement +1.0% sur un an (-0.1%). La BCE vise toujours un objectif proche mais inférieur à 2%, une marge généralement ciblée par les grandes banques centrales pour garder leurs distances vis-à-vis de la gangrène déflationniste. Enfin, si le taux de chômage des Dix-Neuf se stabilise à 8%, l’Italie, déjà stigmatisée pour son budget 2019, enregistre un recul de son PIB (-0.1%) au troisième trimestre pour la première fois depuis 2014.

Aux Etats-Unis, Jerome Powell a tempéré son discours au club économique de New-York. Alors qu’il estimait début octobre que le loyer de l’argent était « encore très loin » du niveau neutre, soit ni un soutien ni un frein à l’activité économique, le président de la FED estime désormais qu’il se situe « juste au-dessous » de celui-ci, semblant ainsi préparer les marchés à moins de rigueur sur les taux à l’avenir. Et si le compte-rendu de la dernière réunion de la banque centrale américaine ne laisse aucun doute sur la perspective d’une nouvelle hausse au mois de décembre, rien n’indique en revanche que la projection de trois tours de vis supplémentaires en 2019 soit respectée.

Sur le front diplomatique, une rencontre entre Donald Trump et Xi Jingping, à l’occasion du G20 en Argentine, a permis l’annonce d’une trêve dans l’escalade des tensions sino-américaines alors que le pensionnaire de la Maison-Blanche a validé le report de 90 jours d’une nouvelle taxes de 25% sur 200 milliards d’importations chinoises. Une nouvelle qui a aidé les valeurs refuges, le billet vert et le Franc suisse en tête, à se relâcher. Le Yen, davantage orienté par des facteurs techniques, reste à contre-courant.

Le calendrier économique sera bien maigre pendant la majeure partie de la semaine tandis que la première économie mondiale publiera vendredi son traditionnel rapport mensuel sur l’emploi. Si celui-ci ne changera rien aux plans de la FED, le document reste particulièrement scruté par les cambistes.

Graphiquement, l’Euro se tasse autour de ses moyennes mobiles à 20 et 50 jours sans dégager de signal clair à moyen terme. Nous surveillerons le comportement de la paire au contact de 1.1476 et 1.1224 pendant que 2/3 des traders particuliers parient actuellement sur une baisse de la monnaie unique.

Toujours bousculé par le risque d’un no-deal outre-Manche, le Pound menace un seuil majeur à 1.2692. Les investisseurs retail sont majoritairement acheteurs, à l’inverse des traders professionnels, et une rupture du support pourrait provoquer une nette accélération du recul de la Livre vers 1.2549 puis 1.2370 USD.



La volatilité du Franc continue de diminuer à l’occasion de la trêve dans le conflit commercial opposant la Chine aux Etats-Unis. Nous surveillerons la réaction de la paire à 1.1360 et 1.1280 tandis que 70% des particuliers sont vendeurs cette semaine. Les soupçons d’une présence de la BNS sous 1.12 CHF persistent.

Enfin, après avoir allié 114 JPY pour 1 Dollar, la devise japonaise reprend le chemin de la hausse alors que les positions retail sont désormais équilibrées. Depuis début octobre, la paire USD/JPY échoue à effacer ses récents records annuels et pourrait finalement terminer l’année coincée entre 112.5 et 114.