Une fois n’est pas coutume, Theresa May a obtenu le soutien de son Parlement (à 502 voix contre 20) quant à la mise en place de sa nouvelle stratégie en trois étapes :

1- Nouveau vote pour ou contre l'accord de sortie, dont plusieurs arrangements sont actuellement discutés, d'ici le 12 Mars ;
2- En cas de rejet de l'accord, nouvelle consultation du Parlement le 13 Mars pour savoir si celui-ci accepte une sortie sans accord ;
3- Si un no deal est écarté, les députés voteront finalement pour un report "court et limité" du Brexit le 14 Mars.

En désaccord, George Eustice, secrétaire d’Etat à l’Agriculture, a démissionné mais la Première ministre espère valider son plan dès l’étape 1 alors que les partisans d’un Brexit dur semblent sur la voie d’assouplir leur position pour éviter un no deal ou un report. A Bruxelles, le négociateur européen Michel Barnier a déclaré que les Britanniques devaient prendre « une décision » plutôt que de prolonger les débats. Des propos qui mettent en lumière des discordances dans la position des Vingt-Sept puisque le président du Conseil européen Donald Tusk avait estimé quelques jours plus tôt qu’un délai supplémentaire serait une solution « rationnelle ».

Côté macro, la croissance américaine du quatrième trimestre 2018, publiée avec un mois de retard en raison du dernier shutdown, surpasse les attentes des analystes (+2.6% en données annualisées contre +2.2% attendu). Le PIB de la première économie mondiale progresse en conséquence de +2.9% l’année dernière, un record en 13 ans. Quant à l’inflation, l’indicateur PCE scruté par la FED ralentit à +1.7% sur un an en décembre (stable à +1.9% hors éléments volatils). En Europe, les prix à la consommation progressent de +1.5% sur un an en février (+1.0% hors éléments volatils), restant sous la cible de la BCE (proche mais inférieure à 2%) et illustrant un écart toujours significatif entre les niveaux de la hausse des prix de part et d’autre de l’Atlantique.

Sur le front géopolitique, Washington et Pékin seraient désormais proches d’un accord, en revanche une rencontre au Vietnam entre Donald Trump et le dictateur nord-coréen Kim Jong Un n’a pas permis d’aboutir à une entente sur le nucléaire.

Enfin, les mauvais chiffres de la croissance canadienne infligent au Loonie une dégringolade remarquée sur le marché des changes.

Ces prochains jours, les cambistes surveilleront justement la réunion de l’institut d’émission canadien mercredi qui suivra celle de son homologue australien mardi et précèdera celle de la BCE jeudi. La semaine s’achèvera par le traditionnel rapport sur l’emploi américain, publié le premier vendredi de chaque mois.

Graphiquement, l’Euro conserve ses distances vis-à-vis de ses points bas annuels mais reste coincé dans un mince couloir délimité par un support à 1.1224 et une résistance à 1.1484 USD. En l’absence de nouveaux catalyseurs, nous privilégions les ventes sur rebond tandis que 2/3 des positions retail sont longues.

La Livre, confortée par la nouvelle stratégie de Theresa May et le recul des spéculations autour d’un no deal, a d’abord accéléré au-delà de 1.3317 avant de subir des prises de bénéfices et de se replier au contact de 1.3233 USD. Une opportunité de repasser acheteur au contact de cette ancienne résistance alors que 80% des positions des traders particuliers sont toujours vendeuses.

Désormais prise au piège entre 1.1316 et 1.1413, la paire EUR/CHF n’offrira pas d’opportunité intéressante avant de sortir de ce range étroit. Si la BNS s’emploie pour contenir les assauts du Franc, le ralentissement mondial tend à l’inverse à diriger les investisseurs vers une forme de sécurité parfaitement incarnée par la devise helvétique.

Enfin, évènement notable, les volumes sur le Yen dépassent ceux constatés sur l’Euro cette semaine et 95% des traders particuliers investis sur USD/JPY sont vendeurs. L’imminence d’un accord sino-américain relâche un peu plus de pression sur la paire et 114 JPY sera le prochain seuil à surveiller.