En plein cœur des négociations entre Pékin et Washington, le président américain gesticule à nouveau en promettant d’imposer dès le 10 mai prochain de nouveaux tarifs douaniers sur 200 milliards de dollars d’importations chinoises. Déjà taxées à 10% depuis dix mois, celles-ci pourraient désormais subir une pénalité de 25%, un taux identique à celui déjà appliqué sur l’équivalent de 50 milliards de dollars de produits exportés aux Etats-Unis.

Lassé par la lenteur des discussions entre les deux grandes puissances mondiales, Donald Trump menace par ailleurs de taxer « bientôt » à 25% le reste des marchandises « made in China » encore non taxées, soit 325 milliards de dollars de produits importés supplémentaires.

Si beaucoup d’observateurs y voient clairement une manœuvre de déstabilisation des négociations en cours, la guerre commerciale signe un cinglant retour sur le devant de la scène et les parités du marché des changes s’agitent de concert.

Il y a quelques jours pourtant, c’est sur la Réserve Fédérale que le milliardaire s’acharnait encore, accusant une fois de plus les argentiers de l’Oncle Sam d’avoir constamment freiné l’économie.

Cela n’a pas empêché Jerome Powell, à l’occasion d’une conférence de presse suivant le dernier statu quo de la FED, de juger que le faible niveau de l’inflation était actuellement lié à des facteurs « temporaires ». Le président de l’institut d’émission a ainsi à la fois affirmé l’indépendance de la FED et douché les espoirs d’une baisse de taux imminente outre-Atlantique.

Dans la foulée, la publication du rapport mensuel sur l’emploi indiquait que le taux de chômage s’est replié en avril à seulement 3.6% (-0.2% d’un mois sur l’autre), un record depuis 1969. Seul bémol, le taux de participation s’inscrit en léger recul pour le deuxième mois d’affilée.

En Europe, l’Union monétaire relève la tête à la faveur de plusieurs statistiques de bonne tenue. Le PIB des Dix-Neuf progresse en effet de +0.4% au premier trimestre, contre +0.3% anticipé par les économistes. Le taux de chômage recule à 7.7% en mars, un point bas depuis septembre 2008 tandis que l’inflation progresse au niveau de +1.7% sur un an, contre +1.6% attendu.
Enfin à Londres, la Banque d’Angleterre ouvre de son côté la porte à un resserrement monétaire plus rapide dans le scénario d’un Brexit soft. Son président Mark Carney a salué la bonne santé de l’économie britannique malgré la persistance des incertitudes et la timidité des investissements.

Cette semaine, les cambistes surveilleront principalement la Banque d’Australie mardi où une baisse de taux est attendue, la banque centrale néo-zélandaise mercredi pour un probable statu quo et l’inflation américaine jeudi et vendredi (PPI/CPI).

Graphiquement, la tendance de l’Euro, parfaitement conforme aux divergences de politique monétaire de part et d’autre de l’Atlantique, n’est pas contestée. Nous privilégions encore et toujours les ventes sur rebond avec 1.10 USD comme prochain objectif.

Le Pound profite en revanche des espoirs d’un Brexit ordonné combiné à une hausse de taux et enregistre une accélération notable au cours des dernières séances. Le mouvement pourrait toutefois nécessiter une consolidation et nous préférons rechercher des ventes au-delà de 1.3099, une zone où le cable pourrait encore peiner à se maintenir durablement.

De son côté, le Franc suisse profite finalement peu des crises de nerfs du président américain, signe que la tendance haussière de l’EUR/CHF pourrait ne pas être terminée. Au-delà de 1.1450, nous anticipons toujours une accélération vers 1.1548 CHF.



Enfin sous 111 JPY, la paire USD/JPY pourrait trouver l’élan nécessaire pour reprendre sa marche en avant. Acheteurs au contact de 110.60, nous visons un retour vers 111.50 puis 112.10 JPY.