Le dernier rapport mensuel sur l’emploi a notamment fait état d’embauches décevantes en mai outre-Atlantique (75k contre 180k anticipé). Et alors que d’aucuns attribuent la frilosité des entreprises américaines sur le marché du travail aux incertitudes générées par les tensions commerciales, les attentes autour d’une action de la banque centrale se renforcent de plus belle.

Les commentaires ouvrant la porte à un assouplissement monétaire se sont d’ailleurs multipliés parmi les dirigeants de la Réserve Fédérale au cours des dix derniers jours. Selon des données du CME, la probabilité d’une baisse de taux au mois de juillet flirte avec la barre des 90% tandis que le Wall Street Journal croit effectivement savoir que l’institution américaine se prépare à une telle décision.

Une situation qui n’empêche pas Donald Trump de réitérer ses critiques vis-à-vis de la FED, qu’il accuse de maintenir des taux « trop élevés ». Il estime que ceci permet aux autres monnaies d’être « dévaluées », ce qui représente un avantage concurrentiel et pénalise les Etats-Unis.

En Europe, la situation reste explosive entre l’UE et l’Italie, engagés dans un bras de fer budgétaire. Matteo Salvini, vice-président transalpin, menace la stabilité du Vieux-Continent en promettant d’être « le plus têtu ». Côté macro, l’inflation ralentit brutalement au mois de mai, les prix à la consommation progressant de +1.2% sur un an, contre +1.7% en avril.

Selon des informations de presse, le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau, estime que l’Europe fait face à de « fortes incertitudes économiques », associant lui aussi « la plus grande menace pour la croissance » à l’actuel conflit commercial entre Washington et le reste du monde.

La BCE n’envisage plus de hausse de taux avant la fin du premier semestre 2020, soit un nouveau différé de six mois, lequel n’a pour autant pas satisfait des attentes plus élevées. Les modalités des prêts géants qui seront accordés aux banques entre septembre prochain et mars 2021 n’ont par ailleurs pas plus séduits les observateurs.

En Australie, la banque centrale a finalement entériné une baisse de taux attendue en fixant son principal taux directeur à un nouveau point bas historique (1.25%). Il s’agit de la première réduction du loyer de l’argent de la RBA depuis Août 2016 alors que la guerre commerciale menace la croissance du pays dont l’économie est très dépendante de ses exportations, en particulier vers la Chine.

Enfin au Mexique, les investisseurs saluent l’accord sur l’immigration entre Washington et Mexico, lequel permet de lever les menaces de sanctions douanières de la Maison-Blanche.

Cette semaine, les cambistes surveilleront une allocution du président de la BCE Mario Draghi et la hausse des prix à la consommation américaine mercredi. Une annonce de politique monétaire suivie d’une conférence de presse de la Banque nationale suisse se tiendra jeudi matin. Enfin, la publication des ventes aux détails US, baromètre de la consommation de l’Oncle Sam, précèdera vendredi un discours de Mark Carney, gouverneur de la banque d’Angleterre.

Graphiquement, le rebond de l’Euro offre un bon timing pour passer vendeur. Sous 1.1428, nous restons baissiers et visons un retour vers 1.1238 puis 1.1130 USD.

Si le Dollar australien profite également du recul du billet vert, il reste vulnérable aux tensions sino-américaines et à la réaction de la RBA. Désormais au contact de 0.7008, l’Aussie pourrait se heurter à la résistance de sa moyenne mobile à 50 jours avant de repartir à la baisse en direction de 0.6871 USD.



D’abord malmené par les ultimatums de Donald Trump, le Peso mexicain se reprend provisoirement suite à l’accord sur l’immigration. Le trou de cotation laissé dimanche à l’ouverture pourrait néanmoins provoquer un nouveau rebond de la paire USD/MXN dans une logique de comblement de gap. Nous visons ainsi un retour du Dollar vers 19,5647 MXN.

Enfin le Yen reste particulièrement recherché sur le marché des changes dans ce climat d’aversion au risque. En cas de clôture quotidienne sous 108.00 JPY, le billet vert s’ouvrirait la voie d’une accélération vers 107.00 JPY dans des niveaux inédits depuis le flash krach du 3 janvier dernier.