La Réserve Fédérale a en effet confirmé une troisième baisse de taux consécutive d’un quart de point, faisant désormais évoluer le loyer de l’argent dans une fourchette comprise entre 1.5 et 1.75%, mais le retrait d’une mention au sein de son communiqué a été particulièrement remarquée. Le Comité de politique monétaire ne s’engage désormais plus à « agir pour soutenir l’expansion », signalant ainsi une pause dans son cycle d’assouplissement. Jerome Powell a toutefois signalé que la faiblesse de l’inflation persistait et qu’à moins d’un « changement notable » de ses prévisions, aucun resserrement des conditions de crédit ne s’imposerait à court terme.

En Europe, Christine Lagarde a entamé son mandat de présidente de la BCE par une sortie qui n’a pas manqué de faire couler beaucoup d’encre. Forte de son expérience de Ministre et de patronne du FMI, la dirigeante française n’a pas hésité à rappeler à l’Allemagne et à d’autres pays en excédent budgétaire qu’ils n’avaient « pas vraiment fait les efforts nécessaires » pour soutenir la croissance de l’Union monétaire. Le ton est donné pour les huit ans qui viennent. Côté macro, l’inflation reste à +0.7% sur un an, loin de la cible de Francfort (proche mais inférieure à 2%) tandis que le taux de chômage des Dix-Neuf stagne à 7.5% depuis le mois de juillet dernier.

Du côté du Brexit, l’arrivée de novembre entérine officiellement un énième mensonge de Boris Johnson, lequel avait promis une sortie de l’UE coûte que coûte le 31 octobre. Sans alternative tant que l’accord n’est pas adopté aux Communes, les 27 ont effectivement accordé un nouveau report flexible du divorce, jusqu’au 31 janvier 2020 maximum. De l’autre côté de la Manche, le Parlement britannique a validé l’organisation de nouvelles élections anticipées, en principe prévues le 12 Décembre. Celles-ci vont donner l’occasion au Premier ministre, en quête d’une majorité à Westminster pour faire passer son texte, de s’adonner à son exercice favori : le populisme. Rappelons d’ailleurs qu’afin de manipuler la frange la plus influençable de la population lors de la campagne du referendum de 2016, il n’avait pas hésité à lui servir une série de chiffres totalement erronés au sujet de l’adhésion du Royaume-Uni à l’Europe. Au regard du résultat obtenu dans les urnes, la même logique sera sans aucun doute exploitée.

Sur le front de la guerre commerciale, des informations de presse de l’agence Bloomberg révèlent les doutes de responsables chinois quant à la possibilité de trouver un accord global avec Washington, élément qui confirme l’impression générale d’une stagnation des négociations.

Au Canada, la banque centrale a maintenu son taux directeur à son niveau actuel (1.75%) mais a néanmoins fait pression sur sa devise en affirmant s’attendre à un ralentissement au second semestre. La BoC a exprimé son pessimisme quant à la résilience de l’économie canadienne face à la persistance des incertitudes, notamment liée aux tensions commerciales.

Enfin au Japon, si l’autorité monétaire nippone n’a pas bougé non plus, elle ne s’est pas privée d’abaisser encore ses prévisions de croissance et d’inflation. Pour l’exercice comptable 2019/2020 en cours, et pour les deux suivants.

La semaine prochaine, nous surveillerons principalement un discours de Christine Lagarde lundi, l’annonce de la Banque d’Australie dans la nuit de lundi à mardi ainsi que celle de son homologue britannique jeudi, bien qu’un statu quo soit largement attendu dans un cas comme dans l‘autre. L’ISM non-manufacturier (secteur des services) de l’Oncle Sam et les chiffres de l’emploi néo-zélandais seront dévoilés mardi.

Graphiquement, la correction généralisée du Dollar face à l’Euro nous semble toujours davantage technique que fondamentale. La paire phare du marché hésite encore au sein d’une zone de résistance entre 1.1150 et 1.12 USD et nous restons baissiers tant que le haut de la fourchette est préservé en clôture. La nouvelle impulsion de Christine Lagarde combinée à une pause du côté de la FED devrait en effet entretenir les divergences de politique monétaire entre les deux grandes banques centrales et continuer à exercer une certaine pression sur la monnaie unique.

En dépit des incertitudes qui entourent les prochaines élections, le cable reste également en embuscade sous 1.30 USD. Malgré les coups de bluff à répétition au cours des derniers mois, le marché a désormais intégré qu’un no deal n’était pas une option crédible. Bien que le potentiel de hausse du Sterling ait été déjà entamé depuis septembre, une nouvelle avancée vers 1.3296 nous semble envisageable en cas de clôture au-delà de 1.2972 USD.

D’abord proche de ses points hauts annuels, le Dollar canadien recule sous l’effet du pessimisme de la banque centrale, laquelle semble prête à agir à contretemps de la Réserve Fédérale. Nous privilégions donc les achats sur repli sur le couple USD/CAD, avec 1.3218, 1.3337 et 1.3410 en ligne de mire.

Enfin la paire USD/JPY échoue toujours à s’installer au-delà de 109 JPY, non sans avoir déclenché un amas d’ordres stop au-delà de cette zone au prétexte d’une intervention de la FED. Une manœuvre assez classique. Nous restons baissiers sous résistance avec 106.80 en ligne de mire.