Dans la foulée de la première baisse de taux de la FED depuis 2008, le président américain s’est en effet de nouveau agité sur le front du conflit commercial qui oppose Pékin et Washington. Trump promet 10% de droits de douane sur l’équivalent de 300 milliards de dollars d’importations chinoises, jusqu’ici épargnées par les querelles sino-américaines.

La Chine menace de représailles tandis que le billet vert a franchi la barre de 7 yuans pour la première fois en 9 ans. L’occasion pour Trump de s’agiter de plus belle en dénonçant « une manipulation de la monnaie ».

De leur côté, les pays les plus dépendants de la santé du géant asiatique fourbissent leurs armes. Si la Banque d’Australie (RBA) a opté pour un statu quo, le temps d’évaluer l’impact, notamment sur le marché du travail, des deux baisses successives de juin et juillet, la banque centrale néo-zélandaise a en revanche surpris les économistes. Alors qu’un ajustement de 0.25% était attendue, la RBNZ a réduit d’un demi-point son principal taux directeur, lequel pointe désormais à un nouveau plus bas historique (1%). En conférence de presse, son gouverneur Adrian Orr a même laissé entendre que ce premier tour de vis depuis Novembre 2016 pourrait précéder de nouveaux assouplissements jusqu’à un recours à des taux négatifs.

De la même façon, l’Inde et la Thaïlande ont réduit leurs taux directeurs, respectivement à 5,4% (-0.35%) et 1.5% (-0.25%), des décisions de nature à maintenir la pression sur la Roupie comme sur le Baht. S’il s’agit de la quatrième baisse de l’année pour l’Inde, la Thaïlande réduit le loyer de l’argent pour la première fois en plus de quatre ans.

Des réactions qui agacent un peu plus le pensionnaire de la Maison-Blanche, qui s’en prend encore à la FED, exigeant qu’elle réduise les taux « vite et fort », la qualifiant au passage d’«incompétente». Un nouveau coup de sang qui intervient au lendemain d’une tribune dans le Wall Street Journal où les quatre précédents dirigeants de la banque centrale américaine (Volcker, Greenspan, Bernanke, Yellen) réclament le respect de l’indépendance de l’autorité monétaire.

Et n’en déplaise à Trump, de nouvelles actions outre-Atlantique ne semblent pas d’actualité. Alors que deux membres de la FED ont déjà voté contre la baisse du 31 juillet, le communiqué ne suggère pas que le comité est plus inquiet qu’auparavant. En conférence de presse, le président Jerome Powell a indiqué qu’il n’y aurait pas forcément plusieurs décisions similaires cette année. Enfin, James Bullard, l’une des personnalités du FOMC les plus enclines à assouplir, a récemment estimé que la FED avait déjà « fait beaucoup » pour soutenir la croissance et que les taux se situaient pour l’instant « dans la bonne fourchette ».

Dans un tel contexte, le dernier rapport mensuel sur l’emploi américain, plutôt conforme aux prévisions, n’a pas eu d’impact significatif dans les échanges.

Sur le front du Brexit maintenant, la stratégie de Boris Johnson est simple. Agiter le spectre du no deal, redouté par les Européens, pour fissurer l’unité des 27 et les forcer à renégocier le backstop irlandais. Une stratégie toutefois risquée alors que les députés de Westminster sont en majorité opposés à une sortie sans accord. Une stratégie qui pourrait donc aboutir, au moment de la rentrée parlementaire en septembre, à une motion de défiance et à une destitution prématurée du trublion britannique.

De son côté, la Banque d’Angleterre a entériné un nouveau statu quo à l’occasion de sa dernière réunion de politique monétaire. Si l’institution a abaissé ses prévisions de croissance en raison du ralentissement mondial et des inquiétudes au sujet du Brexit, les argentiers de sa Majesté ne semblent pas envisager de nouvel assouplissement à court terme. La « dépréciation marquée du taux de change de la Livre » qu’ils ont constatée en est certainement l’une des meilleures explications.

En dehors d’un compte-rendu de la RBA cette nuit, les cambistes surveilleront essentiellement des publications macroéconomiques au cours des prochains jours, comme la croissance au Royaume-Uni et le chômage canadien vendredi, la hausse des prix à la consommation américains mardi ou encore l’inflation britannique mercredi.

Graphiquement, l’Euro nous offre une nouvelle opportunité de vente sur rebond après avoir enregistré de nouveaux points bas depuis mai 2017. Sous 1.1271, voire 1.1399 USD, nous visons un retour vers 1.1071 puis 1.10 USD.

Après avoir brièvement évolué sous 1.21 USD, le Pound s’offre un peu de répit mais reste coincé à proximité de son plancher, oscillant autour de 1.2123 USD. Nous sommes à l’écart de la parité.

Du côté des valeurs refuges, le Franc se renforce encore face à l’Euro et évolue désormais dans des niveaux qui devraient convaincre la Banque nationale suisse de s’impliquer davantage dans les échanges. Sous 1.10 CHF, nous sommes acheteurs de long terme.

Le Yen profite également du contexte et la paire USD/JPY sort de son range, franchissant sa fourchette basse, pour s’inscrire dans une tendance nettement baissière depuis avril dernier. Dans pareil contexte, tant fondamental que technique, nous privilégions les ventes sur rebond.

Enfin, l’Aussie et le Kiwi poursuivent leur dégringolade en réponse à l’escalade des tensions commerciales et suite à la décision de la RBNZ, laissant présager davantage de stimulation monétaire au sein des deux économies. Le Dollar australien a brièvement évolué dans des niveaux inédits en plus de dix ans tandis que son homologue néo-zélandais se rapproche progressivement de telles extrémités. Ici aussi, nous nous limiterons à des ventes sur rebond.