Citant pour 2011, "un taux de croissance mondial attendu à 4,2% (contre 4,8 % en 2010), 2,2% en moyenne pour les pays développés contre 6,4% pour l'ensemble des émergents", Entheca Finance estime que "cette dichotomie masque en réalité des différences importantes entre les pays forts et les pays affaiblis, qu'ils soient développés ou émergents".

"Chez les pays matures, les disparités s'affirment entre les pays forts et vertueux du Nord de l'Europe (Allemagne, Scandinavie, Danemark) et les pays affaiblis par la récession économique et le poids des dettes à rembourser, conséquences des mauvais choix de développement économique (Espagne, Grèce, Irlande ...)."

"Les pays qui ont mis en oeuvre à grande échelle, les mécanismes pour relancer leur croissance (Etats-Unis et Grande-Bretagne), devraient en revanche commencer à en tirer les premiers bénéfices. L'état de santé des Etats-Unis reste encore au centre des préoccupations tant les économies sont interdépendantes et mondialisées. L'année 2011 nous montrera si le Quantitative Easing pratiqué par la Fed aura bien pour effet de redonner un effet richesse aux ménages américains, pour que ceux-ci prennent le relais de l'investissement des entreprises."

"Les indicateurs économiques publiés au cours du dernier trimestre indiquent que l'économie américaine est bien sur la voie du redressement (et pourrait peut-être nous surprendre ?). La consommation semble en bonne voie. Le point noir persistant qui nous invite à la prudence reste l'emploi, qui tarde à se redresser suffisamment."

"Chez les émergents, les grandes puissances que sont la Chine, l'Inde et le Brésil tenteront de freiner une croissance trop forte, source d'inflation, en recourant à des politiques monétaires restrictives et en mettant en place des taxes (freiner l'afflux des capitaux étrangers). Au sein des émergents, d'autres zones et pays sont en plein dynamisme, attirant les capitaux à leur tour (Vietnam, Cambodge, Indonésie, Europe de l'Est, Afrique ...)."

"Les banques centrales sont toujours actives et sont bien décidées à privilégier la croissance en stimulant un retour mesuré de l'inflation : la Fed, la BoE et la BoJ appliquent des politiques de Quantitative Easing ; la BCE réalise des achats d'obligations mais n'augmente pas la masse monétaire en circulation. L'Europe est décidée à ne pas laisser des Etats de la zone euro faire défaut au moins jusqu'en 2013; l'Allemagne et la France oeuvrent en ce sens."

"Les entreprises présentent des résultats en hausse et une situation financière saine pour la majorité d'entre elles. Les résultats attendus en 2011 sont en hausse (+13% pour le MSCI USA et +14% pour le MSCI Europe), mais plus modérés qu'en 2010 (+40% pour le MSCI Europe et + 42% pour le MSCI USA) : d'une part, la croissance n'est pas vigoureuse, d'autre part, les stocks des entreprises sont élevés. Ce qui va naturellement provoquer un plateau dans la phase de croissance bénéficiaire."

"On peut donc s'attendre à un premier trimestre 2011 d'ajustement. Néanmoins, celles qui sortent renforcées de la crise de 2008, ont accumulé des réserves financières qui leur permettent de réaliser des acquisitions stratégiques et prendre les parts de marchés d'avenir. Les opérations de fusion-acquisition devraient animer le marché tout au long de l'année."

"Les valorisations des actions sont toujours attractives en termes de prime de risque et de rapport cours sur bénéfice (PER). Les PER 2011 restent inférieurs aux moyennes de long terme : 13x pour le MSCI USA et 10,7x pour le MSCI Europe alors que les résultats des entreprises, les rendements du capital et la rentabilité des actifs employés ont retrouvé des niveaux proches d'avant crise. Il en ressort un potentiel d'appréciation de 10% à 15% pour 2011."

"Les dettes publiques posent toujours problème, en premier lieu dans les pays développés avec un ratio dettes/PIB de 107% contre 40% pour les pays émergents. Les déficits budgétaires accumulés, les grandes dépenses publiques engagées en 2008 ont réduit à néant la marge de manoeuvre des Etats pour utiliser la dépense publique comme moteur de relance de la croissance. Les pays les plus vulnérables (PIGS mais aussi France, Belgique ....) devront mettre en place des politiques de rigueur et seront contraints de réduire le montant des aides sociales et/ou les frais de fonctionnement de la fonction publique."

"Cela aura des conséquences en termes de croissance (consommation, investissement, emploi) dans les pays où l'Etat est un acteur dominant de l'économie nationale (France par exemple). L'absence de pouvoir fédéral et de politique budgétaire commune apportera une instabilité récurrente sur les marchés. En outre, les investisseurs privés (en premier lieu les banques et assureurs) seront mis à contribution lorsqu'aura sonné l'heure du rééchelonnement des dettes des Etats, grec et autres (Irlande, Portugal), qui sont d'ores et déjà dans l'incapacité d'honorer leurs dettes à long terme, avec des coûts de financement prohibitifs."

"La Banque centrale européenne, en augmentant considérablement son capital, se prépare à cette échéance puisqu'elle achète aux investisseurs privés les obligations de ces pays. Depuis qu'Angela Merkel a explicitement indiqué que les investisseurs privés seraient mis à contribution à partir de mi 2013, l'augmentation des taux longs s'est accélérée et nous pensons qu'elle va s'amplifier en 2011."

"Avec une croissance qui devient pérenne et le besoin grandissant des pays émergents en matières premières, les déséquilibres entre l'offre et la demande entraineront la poursuite de la hausse du prix des matières agricoles, des minerais... Par ailleurs, la spéculation attisera cette ascension et devrait pousser l'inflation à la hausse, ce qui ne manquera pas de faire progresser les taux à long terme. Cette hausse des taux dans les économies très endettées peut ainsi réduire à néant les efforts consentis lors de la mise en place des plans d'austérité."