FDE a découvert d’importantes concentrations d’hydrogène naturel dans un des puits lorrains précédemment forés. Cette découverte peut-elle changer le cours de l’histoire de FDE ?

 " C’est plutôt la continuité de l’histoire sur un bassin minier lorrain que nous étudions depuis plus de 10 ans en vue d'extraire le gaz présent dans les charbons, d’y stocker du CO2 et maintenant d’en extraire de l’hydrogène. Nos travaux de mesure de concentration d’hydrogène naturel ont montré, sur un de nos puits, de très bons résultats, sur longue période. Si une découverte de cette ampleur en matière d’hydrogène est exceptionnelle au niveau mondial, les projets d’exploitations s’inscriront dans le temps long, comme tout ce qui touche la valorisation des sous-sols. La prochaine étape sera la mise en place d’un pilote de production pour essayer de valoriser ce gisement, soit par l’installation de petites stations de mobilité en local, soit par injection dans le réseau MozaHYc qui passera à proximité et qui reliera la France et l’Allemagne. Une demande de permis d’exploitation sera déposée spécifiquement pour l’exploitation de l’hydrogène, comme nous l’avons fait pour le gaz de charbon il y a des années maintenant. La mesure de la concentration va maintenant être étendue à d’autres puits que nous avons en concession. Nous avons décidé de communiquer cette première découverte en amont d’une publication scientifique attendue pour les prochains mois. "

A propos de l’extraction du gaz de charbon sur ce même bassin, où en sont vos demandes d’autorisations ?

" Malheureusement, comme cela s’est passé historiquement, le Tribunal Administratif devrait contraindre l’Etat à nous octroyer, dans les prochains mois, la concession demandée dans le respect des procédures exigées. Localement, les élus sont favorables au projet mais le gouvernement et surtout l’administration centrale trainent les pieds par crainte des réactions dogmatiques. Ce sont des années perdues pendant lesquelles notre pays ne fait qu’augmenter les quantités de gaz de schiste américains importées sous forme de GNL, avec tout ce que cela implique en termes de balance commerciale et de bilan carbone. "

Eléments du compte de résultat de FDE (source : FDE)

Les résultats du Groupe se sont envolés au premier semestre grâce notamment aux effets prix de l’énergie. Cette performance est-elle duplicable sur l’année ? Pourrez-vous éviter un tassement des résultats l’exercice prochain ?

" L’effet prix a certes été favorable, mais va continuer de se ressentir sur les 12 prochains mois. Surtout, notre parc d’installations, que ce soit le nombre de cogénérations ou le parc solaire, augmente semestre après semestre. Enfin, même si les prix de l’énergie sur les marchés ont beaucoup baissé par rapport au pic atteint courant 2022, ils restent toujours favorables par rapport aux niveaux pré-COVID. "

Evolution du prix du gaz naturel 

L’accélération des déploiements de cogénérations de gaz sur les sites existants a pris du retard par rapport à ce que vous espériez lors de notre entretien fin 2021. Quelle confiance avez-vous dans l’atteinte de vos objectifs 2025 en termes de capacités installées ?

" Nous avons installé 5 cogénérations l’année dernière (2 en Belgique, 3 dans les Hauts de France) pour un total de 15 cogénérations en production aujourd’hui. Nous en avons actuellement 7 en attente d’autorisation, dans les Hauts de France principalement, et visons une trentaine de cogénérations d’ici fin 2024 et une soixantaine à horizon 2026 en fonction du rythme d’octroi des autorisations administratives. Pour autant, notre délai pour mettre en production un site est nettement meilleur que ce que l’on observe en matière de parcs éoliens et solaires. "

Vous avez indiqué que les technologies d’épuration et de liquéfaction du biogaz et du bio-CO2 héritées de l’acquisition de Cryo Pur constituaient un axe de croissance supplémentaire majeur pour FDE. Pouvez-vous nous en dire plus ?

" La construction en 2022 d’une usine de bio-GNL (NDLR : issu du biogaz, lui-même constitué de méthane et de CO2) et de bio-CO2 liquide en Norvège et la finalisation de la structuration de notre filiale Cryo Pur à l’origine de cette technologie de rupture constituaient deux étapes importantes avant le lancement d’une série de projets en Norvège, en France et en Europe de l’Est. De fournisseur de technologie, Cryo Pur est en passe de devenir, après 14 mois de travail depuis le rachat de Cryo Pur, exploitant et propriétaires de sites de production de bio-GNL et de bio-CO2. Cela passait par la conception d’usines standardisées avec un modèle économique abouti. En effet, l’investissement total pour un site type s’élève à plus de 20M€ financés à 70-80% par l’endettement bancaire, 15-20% via des subventions et 5-10% en fonds propres, avec un retour sur investissement inférieur à 5 ans et une valeur actuelle nette de l’ordre de 15 M€. Notre solution, en incluant la captation du CO2, devrait faire la différence dans un contexte législatif mondial de plus en plus regardant sur les émissions carbones des sites de production de biogaz et de biométhane. "

La société et vous-même avez racheté pour près de 10% du capital de FDE depuis le début de l’année. Comment peut-on l’interpréter ? A qui les titres ont-ils été rachetés ?

" La société a une trésorerie d’exploitation excédentaire par rapport au plan d’affaires 2026 donc nous avons jugé bon de profiter d’une valorisation que nous estimons déconnectée de la valeur intrinsèque de notre groupe. FDE a donc racheté 1.63% de ses propres actions ces derniers mois auprès d’un investisseur institutionnel touché par la décollecte actuelle des fonds investis dans les valeurs moyennes. Personnellement, j’ai également racheté des blocs représentant 8.4% du capital de FDE auprès d’une famille actionnaire historique du groupe confrontée à un sujet de succession. Nous estimons que les résultats actuels et les nombreuses activités que nous avons en portefeuille et développons ne sont absolument pas valorisées par le marché à ce niveau de valorisation de notre groupe."

Projets dans les tuyaux de LFDE (source : LFDE)

L’auteur de cet article est actionnaire à titre personnel