PARIS (Reuters) - Damien Abad, écarté du gouvernement après l'ouverture d'une enquête pour tentative de viol à son encontre, s'est élevé lundi contre des "calomnies ignobles" et a réaffirmé sa volonté de se battre "sans relâche" pour prouver son innocence.

L'ex-ministre des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées, dont la place était devenue intenable dans l'équipe remaniée d'Elisabeth Borne, a fait part de ses regrets lors de la passation de pouvoirs avec Jean-Christophe Combe, qui était jusqu'à présent directeur général de la Croix-Rouge.

Damien Abad, réélu député le 19 juin, va désormais renouer avec sa Ve circonscription de l'Ain.

"On ne m'aura pas laissé le temps", a-t-il déclaré avant de se lancer dans une vive diatribe contre "l'arme politique" de la "calomnie".

"Il paraissait préférable, face aux calomnies ignobles dont je suis la cible, orchestrées dans un calendrier bien choisi, jusqu'à ce matin encore, que je puisse me défendre sans entraver l'action du gouvernement. Je me défendrai sans relâche jusqu'à ce que la justice confirme mon innocence", a-t-il dit.

BFM TV a dévoilé lundi matin un quatrième témoignage à son encontre, celui d'une jeune femme qui dit avoir été victime de ses agissements présumés en 2013.

"Je me battrai aussi contre ce mouvement funeste qui relègue la présomption d'innocence au rang de vieillerie sans importance et qui fait de la calomnie une redoutable arme politique entre les mains d'esprits malveillants", a poursuivi Damien Abad.

"Chacun devrait mesurer la violence inouïe, pour un être humain, pour une famille, pour des proches, de telles pratiques savamment orchestrées et trop souvent relayées sans discernement médiatique", a-t-il souligné.

"Comme le dit Montesquieu, une injustice faite à un seul est une menace faite à tous", a conclu l'ex-ministre.

Dans des extraits d'une interview à paraître mercredi sur le site ELLE.fr et diffusés lundi, la Première ministre, Elisabeth Borne, estime que "hors du gouvernement, Damien Abad pourra se défendre et la justice pourra faire son travail sereinement."

Evoquant un "sujet compliqué", Elisabeth Borne réaffirme qu'"il est essentiel que la parole des femmes se libère, et qu'elles portent plainte." "Il est aussi essentiel que la définition et la recherche des responsabilités soient le travail de la justice", ajoute-t-elle.

Elle précise ensuite sa ligne de conduite sur ces affaires, sous le sceau du "devoir d'exemplarité".

"Je pense que l'on n'attend pas simplement des hommes politiques ou des responsables qu'ils ne soient pas pénalement répréhensibles. On attend d'eux qu'ils soient exemplaires", souligne-t-elle.

"Y compris dans le champ de ce qui n'est pas pénalement répréhensible, il y a des comportements que l'on n'a pas envie de voir", insiste la cheffe du gouvernement.

(Rédigé par Sophie Louet, édité par Bertrand Boucey et Marc Angrand)