* Une abstention record proche de 70%

* Score serré en Paca entre Mariani et Muselier

* Wauquiez et Bertrand bien placés pour être réélus

* Pécresse en tête en Ile-de-France

PARIS, 20 juin (Reuters) - Le premier tour des élections régionales dimanche en France a été marqué par une abstention record, un net recul du Rassemblement national, une piètre performance de LaRem, le parti présidentiel, et des scores confortables pour la droite et les sortants, selon les estimations des instituts de sondage.

Le taux d'abstention s'est établi autour de 68% d'après les estimations, du jamais vu depuis les premières élections régionales en 1986. Le précédent record de 50,09% datait du scrutin de 2010.

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a jugé cette très faible participation "particulièrement préoccupante". "Notre travail collectif doit être tourné vers la mobilisation des Français pour le second tour", a-t-il écrit sur Twitter.

Pour le vice-président du Rassemblement national Jordan Bardella, invité sur TF1, "le gouvernement a gagné parce que ça fait plusieurs semaines qu'il cherche l'abstention massive". La présidente du RN, Marine Le Pen, candidate à l'élection présidentielle de 2022, a appelé ses électeurs au "sursaut" afin de "redresser ce résultat du premier tour".

Crédité de moins de 20% au niveau national, le parti d'extrême droite est en net recul par rapport à 2015, où il avait recueilli au total 27,7% des suffrages au premier tour.

La droite (Les Républicains et divers droite) arrive largement en tête avec 27 à 29% des voix, contre 19% au RN, 16,5% à 17,6% au Parti socialiste, 12,5 à 13,2% à Europe-Ecologie Les Verts et 10,9% à 11,2% à La République en marche (LaRem), selon les instituts Elabe et Ipsos-Sopra Steria.

"C'est un échec sans précédent pour LaRem, jamais un parti au pouvoir n'a eu un score aussi bas", a estimé le président LR Christian Jacob sur le plateau de TF1. "LR est, de loin, le premier parti de France."

"Ce soir, c'est une claque pour tout le monde et c'est une claque pour nous", a déclaré la députée et porte-parole du groupe LaRem à l'Assemblée nationale Aurore Bergé sur France 2.

SCORE SERRÉ EN PACA

En Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca), la liste Rassemblement national (RN) conduite par Thierry Mariani et celle de LR menée par Renaud Muselier sont au coude à coude, avec une légère avance pour le candidat d'extrême droite crédité de 35,9% des voix selon une estimation Ipsos-Sopra Steria, contre 32,5% pour le président sortant, qui est soutenu par LaRem.

Le candidat de la gauche, Jean-Laurent Félizia, crédité de 15,9% des voix, a décidé de maintenir sa liste au second tour.

En 2015, la candidate RN Marion Maréchal avait atteint le score de 40,5% dans cette même région au premier tour et les derniers sondages annonçaient pour ce dimanche un score plus élevé pour Mariani.

Dans les Hauts-de-France, le président sortant (ex-LR) Xavier Bertrand peut aborder avec confiance le second tour avec un score évalué entre 39% et 44% des voix contre 28% à 24% pour le candidat RN Sébastien Chenu.

La liste La République en marche n'a pas franchi la barre des 10% pour se qualifier pour le second tour et son chef de file, Laurent Pietraszewski, a appelé à voter pour Xavier Bertrand au second tour.

"J'ai la conviction qu'une fois encore nous ferons rempart au Front national", a déclaré Xavier Bertrand, qui déposera lundi en préfecture une liste identique à celle proposée ce dimanche.

En Auvergne-Rhône-Alpes, plusieurs instituts de sondage donnent au président sortant LR Laurent Wauquiez un score élevé de l'ordre de 45%.

HIDALGO APPELLE À VOTER BAYOU

En Ile-de-France, la région la plus peuplée du pays, la présidente sortante Valérie Pécresse arrive en tête avec 34 à 36% des voix selon les estimations, loin devant Jordan Bardella (environ 14%). Mais quatre autres candidats dépassent les 10% et peuvent donc théoriquement se maintenir au second tour : Julien Bayou (EELV), Laurent Saint-Martin (LaRem), Audrey Pulvar (PS) et Clémentine Autain (La France insoumise).

Arrivé troisième, Julien Bayou a dit vouloir "créer la surprise" à gauche au second tour et a reçu le soutien de la maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo.

En Nouvelle-Aquitaine, un sondage Ifop-Fiducial pour TF1 et LCI accorde 30,1% au président socialiste sortant Alain Rousset, devant la candidate RN Edwige Diaz, 17%, et la secrétaire d'Etat Geneviève Darrieussecq, à 13%.

En Normandie, le président centriste sortant Hervé Morin serait en tête avec 35% des voix selon les prévisions de France 2. En Bourgogne-Franche-Comté, la présidente socialiste sortante Marie-Guite Dufay est arrivée en tête avec plus de 26% des voix. En Occitanie, la socialiste sortante Carole Delga obtiendrait près de 40% des voix.

La République en marche a réalisé son meilleur score en Bretagne avec plus de 15% des voix pour Thierry Burlot.

Les candidats ont jusqu'à mardi soir pour sceller d'éventuelles alliances en vue du second tour.

Reportés de trois mois pour cause de pandémie de COVID-19, les scrutins des 20 et 27 juin doivent renouveler les instances exécutives des 13 régions métropolitaines actuellement détenues par la droite, le centre et le Parti socialiste. (Elizabeth Pineau et Jean-Stéphane Brosse)