* Aucune orientation pour l'instant, selon Martin Vial

* Les Echos ont évoqué une concession de très longue durée

* Pas encore de décision non plus sur la Française des Jeux (Actualisé avec précisions)

PARIS, 19 décembre (Reuters) - Le gouvernement n'a pris aucune décision ni aucune orientation concernant une éventuelle privatisation de Groupe ADP, l'exploitant des aéroports de Paris, a déclaré mardi le commissaire aux participations de l'Etat, Martin Vial.

Groupe ADP fait partie des participations de l'Etat citées notamment pour contribuer à financer le fonds de 10 milliards d'euros pour l'innovation prévu pour être opérationnel le 1er janvier 2018.

"Contrairement à ce que je lis beaucoup dans la presse en ce moment, aucune décision ni aucune orientation n’a été prise par le gouvernement", a-t-il dit sur France Info, faisant écho aux propos tenus lundi par une source gouvernementale à Reuters.

Selon Les Echos de lundi, l'Etat envisagerait d'accorder à Groupe ADP une concession de très longue durée (50 ou 100 ans)donnant lieu, à terme, à prolongation ou à mise en concurrence. Puis dans un second temps, il décidera de la forme de la vente des titres du groupe, en blocs sur les marchés, en lots sous forme d’enchères, ou en intégralité en gré à gré avec une concurrence limitée.

L'Etat envisage ainsi de ramener sa participation dans la Française des Jeux (FDJ) de 72% à 25-30% en s’octroyant des droits spécifiques.

"Cela fait partie des ensembles des activités pour lesquelles nous étudions l’évolution du capital", a dit Martin Vial.

"Là non plus, aucune décision n’a été prise, a-t-il ajouté.

Le fonds pour l'innovation sera notamment alimenté par le produit des cessions récentes des participations dans Engie et Renault pour un peu plus de deux milliards d'euros, a précisé fin novembre le Premier ministre Edouard Philippe.

Le solde - environ huit milliards d’euros - sera constitué pour commencer de participations publiques n’ayant pas vocation à être cédées mais versant des dividendes réguliers, a-t-il ajouté.

"Nous aurons d’autres cessions dans les mois à venir, dans le courant de l’année 2018 pour alimenter ce fonds pour l’innovation", a ajouté Martin Vial.

Groupe ADP, dont l'Etat détient 50,6%, reverse sous forme de dividendes chaque année 60% de son résultat net, lui-même prévu pour passer de 435 millions d'euros en 2016 à 749 millions d'euros en 2021, selon le consensus Thomson Reuters I/B/E/S.

"IL N'Y AURA PAS DE GRAND SOIR"

Interrogé sur le calendrier d'une éventuelle ouverture du capital de l'exploitant d'Orly et Roissy, Martin Vial a répondu : "Notre rôle, c’est d’étudier techniquement ce qui est faisable, ce qui est souhaitable, et bien évidemment les conditions techniques et de calendrier pour ces opérations".

"Et il n’y aura pas de grand soir dans ce domaine puisqu’il y aura une présentation, si le gouvernement le décide, d’entreprises pour lesquelles il y aura une proposition de modifier les seuils de détention de l’Etat devant le Parlement", a-t-il ajouté, faisant notamment référence à Groupe ADP.

Selon une source proche du dossier, si elle est décidée, la privatisation de Groupe ADP, dont la valorisation pourrait avoisiner 25 milliards d'euros, dette comprise, ne pourrait être formellement lancée qu'au second semestre 2018, étant donné la complexité du dossier.

A la question de savoir si le dossier ADP figure dans la loi pour la croissance et la transformation des entreprises que prépare pour le printemps le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, Martin Vial a répondu : "A ma connaissance, cela n’a pas été arbitré".

Martin Vial avait déclaré mi-octobre lors d'une audition à l'Assemblée nationale que l'Etat prendrait sa décision "dans le courant de l'automne" sur la liste des participations qu'il entend céder.

A la question de savoir si le gouvernement hésitait concernant des désengagements partiels dans des entreprises publiques, Martin Vial a répondu mardi : "Le gouvernement, depuis sa nomination, n’a pas fait preuve de beaucoup d’hésitations dans les décisions qu’il a prises".

"S’agissant du rôle de l’Etat actionnaire, ces décisions seront prises dans les prochains mois et s’il y a des dispositions législatives, elles seront également annoncées dans le courant de l’année 2018", a-t-il dit.

L'APE, qui gère un portefeuille de 81 entreprises dans les transports, l'énergie, les services/finances, et l'industrie, est également actionnaire d'Airbus, Air France-KLM , CNP Assurances, la banque Dexia, EDF , le groupe minier Eramet, Orange, ainsi que dans les équipementiers d'aérospatiale et de défense Safran et Thales.

Une source gouvernementale a dit lundi à Reuters qu'à ce stade, il n'était pas envisagé de réviser le pacte d'actionnaires entre l'Etat et Dassault Aviation pour leur permettre de réduire leurs participations respectives de 26% et 25%.

Charles Edelstenne, directeur général du groupe Dassault, a dit de son côté mardi au Figaro que son groupe serait probablement candidat à monter au capital de Thales si l'Etat devait se désengager. (Cyril Altmeyer, édité par Elizabeth Pineau)