* Balkany se défend d'être un "mauvais payeur"

* Il dit son patrimoine et ses revenus surévalués par le fisc

par Emmanuel Jarry

PARIS, 15 mai (Reuters) - Le maire de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), Patrick Balkany, jugé à Paris avec son épouse Isabelle pour fraude fiscale, a accusé mercredi le fisc de "négligences" au troisième jour de son procès, et juré avoir "toujours payé ses impôts".

"Si tous les mauvais payeurs avaient payé autant que moi, on n'aurait plus de problème en France", a dit l'élu Les Républicains (LR), ami de l'ex-président Nicolas Sarkozy. "J'ai toujours payé mes impôts, d'ailleurs je suis pour le prélèvement à la source."

Patrick et Isabelle Balkany, 70 et 71 ans, sont accusés d'avoir soustrait au fisc 4,339 millions d'euros entre 2009 et 2015, en minorant leurs revenus et leur patrimoine.

Un patrimoine acquis grâce aux biens et à l'argent hérités de leurs parents respectifs, dont une partie était en Suisse, a expliqué le maire de Levallois-Perret en l'absence de son épouse hospitalisée depuis une tentative de suicide, le 1er mai.

Il a admis qu'ils avaient continué à faire des déclarations chacun de leur côté après une brève séparation en 1995-96, mais en a rejeté la faute sur son conseiller fiscal et le fisc.

"Je pense que c'est une négligence des services fiscaux et une erreur du conseiller qui faisait nos déclarations. Mais il n'y avait pas de malice", a-t-il assuré.

Il a également expliqué qu'ils avaient vécu sur les espèces et les lingots d'or retrouvés dans les coffres de leur père respectif - le sien avait commencé à faire fortune en revendant des surplus militaires américains à son retour de déportation.

"C'était une autre époque", a-t-il fait valoir. "Les lingots c'est anonyme (...). J'aurais pu, c'est vrai, les déclarer (...). Mais je ne crois pas qu'il y ait beaucoup de Français qui déclarent ce qu'il y a sous les matelas."

"J'en suis désolé mais j'espère que ce n'est pas le procès de ce qui se passait au siècle dernier que vous voulez me faire", a-t-il ajouté à l'adresse du président du tribunal.

"Les espèces, il faut bien les utiliser", a-t-il souligné notamment à propos de voyages payés en liquide.

UN DEUXIÈME PROCÈS À VENIR

Il a cependant contesté les témoignages selon lui "orientés" d'ex-employées de maison faisant état de sommes importantes en espèces à leur domicile de Giverny (Eure) et de salaires payés en liquide - "Si elles voulaient nous porter tort parce qu'elles avaient été licenciées, elles ont certainement réussi."

Il a également contesté l'évaluation de son patrimoine et de celui de sa femme par l'administration fiscale - entre 13,4 et 16,5 millions d'euros dans les années 2010-2013.

La "Villa Pamplemousse", acquise par sa femme à Saint-Martin avec sa part de la vente de l'entreprise paternelle et revendue, n'était qu'un ensemble de bungalows difficile à louer parce que loin de la mer, a soutenu Patrick Balkany, selon qui elle coûtait plus cher à entretenir qu'elle ne rapportait.

Le reste de cet argent transféré à Saint-Martin a été "mangé" par les honoraires de la société suisse chargée de le gérer et de ses partenaires locaux, a-t-il soutenu.

Quant à la propriété de Giverny, cernée par les touristes japonais qui viennent visiter la maison de Monet, elle n'a plus connu de gros travaux depuis son acquisition, le tennis est en friche et la piscine "à refaire", a-t-il ajouté.

Reste la villa de Marrakech, dont il a de nouveau nié être le propriétaire tout en refusant d'en dire plus sous prétexte que ce sera un des objets d'un second procès à partir du 20 mai.

Ce deuxième procès devant le même tribunal pour corruption et blanchiment de fraude fiscale aggravé, dans lequel comparaîtra également leur fils Alexandre, peut leur valoir jusqu'à dix ans de prison et 750.000 euros d'amende.

"Je n'ai jamais été corrompu par personne, j'ai horreur de la corruption", s'est défendu Patrick Balkany à la barre. "Ce n'est pas ma mentalité. On a toujours très bien vécu sans avoir besoin de mettre les mains dans le cambouis. Ce que nous avons dépensé, c'est notre argent et pas de l'argent qui tombait de je ne sais où." (Edité par Sophie Louet)