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PARIS, 22 juillet (Reuters) - Alexandre Benalla, l'ex-collaborateur d'Emmanuel Macron à l'origine des secousses politiques les plus violentes du quinquennat, a été déféré samedi soir au tribunal en vue de sa présentation à un juge d'instruction, a fait savoir le Parquet.

Une information judiciaire doit être ouverte ce dimanche pour faire la lumière sur les conditions dans lesquelles l'ancien chef adjoint du cabinet du chef de l'Etat a participé aux opérations des forces de l'ordre, coiffé d'un casque de police, lors des manifestations du 1er-Mai, à Paris.

Dans le cadre de l'enquête préliminaire lancée jeudi, quatre autres personnes ont également été déférées samedi à l'issue de leur garde à vue.

Il s'agit de Vincent Crase, un gendarme réserviste présent aux côtés d'Alexandre Benalla le 1er mai sur la place de la Contrescarpe, et de trois policiers, dont deux commissaires, soupçonnés d'avoir extrait illégalement puis communiqué à une tierce personne des images de vidéosurveillance.

L'enquête a démarré à la suite de révélations du Monde, qui a identifié Alexandre Benalla dans une vidéo sur laquelle on peut le voir frapper un jeune homme et malmener une jeune femme.

Ces deux manifestants, qui avaient alors été interpellés, ont été identifiés et ont demandé à être entendus ultérieurement par les enquêteurs, précise-t-on de source proche du dossier.

DOMICILE PERQUISITIONNÉ

Samedi, le domicile d'Alexandre Benalla à Issy-les-Moulineaux, dans les Hauts-de-Seine, a été perquisitionné, a-t-on appris également de source proche de l'enquête.

Parallèlement à la justice, les commissions des Lois de l'Assemblée nationale et du Sénat mènent leurs propres travaux, dans le cadre desquels le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, doit être entendu à deux reprises - lundi par les députés et mardi par les sénateurs.

Son audition à l'Assemblée, programmée à 10h00 (08h00 GMT), sera ouverte au public, de même que celle du préfet de police, Michel Delpuech, prévue le même jour, a précisé samedi la présidente de la commission, Yaël Braun-Pivet (LaRem).

Emmanuel Macron, qui essuie la plus forte tempête depuis son élection, ne prévoit pas de s'exprimer sur la question durant le week-end, dit-on à l'Elysée.

"Ce qui est terriblement désagréable dans cette affaire, c'est que tout le monde s'enfuit", a déclaré Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national (RN), sur BFM TV. "Le président de la République s'est enfermé dans un mutisme qui transforme l'affaire Benalla en affaire Macron."

Pour Jean-Luc Mélenchon, qui s'est exprimé dans Le Monde, l'affaire Benalla "est du niveau du Watergate", qui a abouti en 1974 à la démission du président américain Richard Nixon.

ALTERCATION

Gilles Le Gendre, porte-parole des députés LaRem, a pour sa part dénoncé sur France Inter ce qu'il qualifie de "tentative de nos oppositions depuis 48 heures de bloquer le travail parlementaire en instrumentalisant cette affaire".

Depuis jeudi, les interruptions de séance, rappels au règlement et réunions en urgence ont interrompu de facto les discussions à l'Assemblée sur la révision constitutionnelle, déjà très en retard sur le calendrier initial.

La ministre de la Justice, Nicole Belloubet, a pris la parole samedi dans l'hémicycle pour accuser l'opposition de tout bord de se livrer à une "opération politicienne" visant à "prendre en otage le texte constitutionnel".

Les députés ont par ailleurs découvert au cours des débats qu'Alexandre Benalla s'était vu attribuer en juillet 2017 un badge d'accès à l'Assemblée nationale à la demande du directeur de cabinet d'Emmanuel Macron, ce que la présidence de l'Assemblée a confirmé dans un communiqué.

Cette information, mise au jour par le député Les Républicains (LR) Marc Le Fur, a contribué à échauffer l'atmosphère au palais Bourbon.

Signe de la tension qui y règne, une altercation a éclaté sous l'oeil des journalistes entre Marine Le Pen et Christophe Castaner, secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement et délégué général de La République en marche, la première reprochant au second son silence depuis le début de l'affaire.

L'Elysée a décidé d'engager une procédure de licenciement à l'encontre d'Alexandre Benalla après avoir dans un premier temps prononcé, au mois de mai, une mise à pied de 15 jours avec suspension de salaire. (Simon Carraud avec Jean-Baptiste Vey, édité par Jean-Philippe Lefief)