PARIS, 18 janvier (Reuters) - Le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer n'a pas enfreint les règles de l'exécutif en dévoilant un nouveau protocole sanitaire dans les écoles de son lieu de villégiature à Ibiza, aux Baléares, à la veille de la rentrée du 3 janvier, a déclaré mardi le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal.

"Les règles fixées par le gouvernement s'agissant des vacances, c'est qu'il faut être joignable en permanence, à sa tâche. Il n'y a aucune raison de penser que ce n'était pas le cas de Jean-Michel Blanquer", a dit Gabriel Attal sur CNews.

"Je n'ai pas à savoir où mes collègues partent en vacances. (...) Ce qui compte c'est que les ministres soient à leur tâche", a ajouté le porte-parole du gouvernement.

Mediapart a révélé lundi que le ministre de l'Education nationale se trouvait à Ibiza lorsqu'il a dévoilé, dans une interview au Parisien publiée la veille de la rentrée scolaire du 3 janvier, le nouveau dispositif sanitaire mis en place dans les écoles pour lutter contre la propagation du variant Omicron du coronavirus.

Les nouvelles règles, critiquées parce que divulguées tardivement et en raison de leur complexité, ont provoqué la colère des enseignants et des parents d'élèves et débouché sur une grève massive dans l'Education nationale le 13 janvier dernier, émaillée d'appels à la démission du ministre de l'Education nationale.

Ce dernier voit sa position fragilisée par les révélations de Mediapart alors qu'un nouvel appel à la grève a été lancé par des syndicats d'enseignants, plusieurs associations de lycéens et une fédération de parents d'élèves pour le 20 janvier.

"Ça va forcément creuser encore plus le fossé qui existait déjà entre le ministre et ses personnels", a déploré mardi sur France info Guislaine David, porte-parole du SNUipp-FSU, syndicat des instituteurs et professeurs des écoles. "Il y a vraiment un décalage ici entre ce que représente Ibiza et ce que vivaient les collègues au quotidien en cette veille de rentrée."

Dans un communiqué, le syndicat Sud-Education a réclamé la démission du ministre qui ajoute selon lui "l'indignité à l'incompétence".

"Le problème c'est pas Ibiza, c'est le dilettantisme de ce ministre", a quant à lui estimé sur France 2 le candidat écologiste à l'élection présidentielle Yannick Jadot. "Depuis des mois et des mois, il méprise la communauté éducative (...) et le niveau d'improvisation permanente sur les protocoles sanitaire à l'école remet en cause sa préparation, son sérieux, son professionnalisme."

"Quand l'improvisation naît d'un mensonge, la confiance n'est plus possible", a jugé sur Twitter le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, en appelant également à la démission de Jean-Michel Blanquer.

"Bien sûr (...) les symboles comptent (...) dans une période où tout est très sensible (mais) je crois qu'il n'y a aucune faute", a déclaré le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, Clément Beaune, sur France Info.

"Je pense qu'il vaut mieux se concentrer sur la gestion de cette crise sanitaire, quitte à faire des critiques ou des améliorations, plutôt qu'une polémique sur telle ou telle destination de quelques jours de vacances", a-t-il ajouté. (Rédigé par Jean-Stéphane Brosse, édité par Blandine Hénault)