PARIS, 23 janvier (Reuters) - Des "Gilets jaunes" ont annoncé mercredi qu'ils comptaient déposer une listes aux élections européennes pour sortir le parlement européen "d'une forme d'opacité".

"Le mouvement social citoyen né dans notre pays le 17 novembre 2018 fait apparaître la nécessité de transformer la colère en un projet politique humain, capable d'apporter des réponses aux Français qui soutiennent le mouvement des 'Gilets jaunes' depuis des mois", peut-on lire dans le communiqué du "Ralliement d'initiative Citoyenne (RIC) transmis à la presse.

La tête de liste choisie pour représenter le mouvement est Ingrid Levavasseur, aide-soignante de 31 ans, figure de proue des "Gilets jaunes" dont les manifestations agitent la scène sociale et politique depuis plus de deux mois.

Une dizaine de noms composent pour l'instant la liste, avec des profils allant de "comptable" à "cariste", en passant par "mère au foyer" ou "chef d'entreprise". Les autres places seront ouvertes pour candidature.

Le nom a été choisi en référence au "Référendum d'initiative citoyenne", l'une des revendications phare du mouvement, explique sur BFMTV Hayk Shahinyan, le directeur de campagne de RIC.

"Le programme est en construction. Nous avons envie justement que ces députés européens éventuels de 'Gilets jaunes' ne soient pas des députés d'un parti ou d'un individu mais qu'ils soient à la disposition des citoyens", dit-il.

"Ce sont les citoyens qui décideront ce que nous allons voter au Parlement européen, projet après projet, et nous allons sortir le Parlement européen d'une forme d'opacité dans laquelle il est actuellement."

13% DES INTENTIONS DE VOTES

Il dit avoir confiance dans les résultats que pourraient recueillir ce mouvement lors de ces élections. "Nous pouvons réveiller à mon avis une partie conséquente des abstentionnistes et nous pouvons porter un message fort qui ne va pas être anecdotique en terme de score à la fin".

Selon un sondage Elabe pour BFM, le parti de la majorité parlementaire arriverait en tête des élections européennes avec 23,5% des suffrages, suivi de près par le Rassemblement national (ex-FN).

Dans l'hypothèse de l'émergence d'une liste "Gilets jaunes", créditée de 13% d'intentions de vote, ce classement serait modifié, la liste RN perdant notamment trois points (mais LaRem resterait en tête avec 22,5% des voix).

La présidente du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen assure qu'elle "n'a pas peur", car son projet est "protecteur", et "apporte des régulations qui sont absolument nécessaires aujourd'hui pour protéger le peuple français".

"Ça ne me pose pas de problème qu'il y ait une liste 'Gilets jaunes'", ajoute-t-elle sur CNews. "Ce n'est jamais une mauvaise nouvelle quand la démocratie fonctionne."

"Après, il faut qu'ils gardent leur indépendance et leur autonomie. Or, évidemment, le danger, c'est le danger de la récupération. Quand on voit autour, des anciens militants socialistes, etc, ce danger il existe", dit-elle.

Pour le président de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, "il ne suffit pas d'annoncer une liste, il faut avoir un projet, des personnalités qui défendent ce projet et une cohérence".

"La force des 'Gilets jaunes' tenaient à leur diversité politique. A partir du moment ou il vont faire une liste il va bien falloir qu'ils clarifient les choses. Et bien rendez-vous aux élections", a-t-il dit sur BFMTV. (Caroline Pailliez)