(Bien lire VIIIe arrondissement au §10)

* Des policiers au bord de la rupture, selon leurs syndicats

* Les syndicats en appellent à Emmanuel Macron

PARIS, 17 décembre (Reuters) - Le malaise de la police menace de revenir sur le devant de la scène sociale au moment où le mouvement des "Gilets jaunes", qui mobilise les policiers depuis un mois, paraît s'essouffler.

Leurs syndicats, qui sortent d'élections professionnelles, jugent les policiers au bord de la rupture et oubliés par les annonces faites il y a une semaine par Emmanuel Macron pour apaiser les "Gilets jaunes".

Ils se plaignent notamment d'un manque de reconnaissance du gouvernement et en appellent au chef de l'Etat mais invitent cependant encore en ordre dispersé leurs adhérents à l'action.

L'Unsa Police demande ainsi à être reçue par le chef de l'Etat pour lui porter ses revendications et lance une opération "service minimum" et "100% prévention" à compter de mardi.

Ce syndicat menace de s'engager dans d'autres actions s'il n'obtient pas satisfaction : "Les ronds-points ne sont pas réservés qu'aux seuls Gilets jaunes", lit-on dans un tract.

Alliance a pour sa part lancé lundi un appel à une journée commissariats fermés mercredi, jour où l'Assemblée nationale doit adopter le budget 2019 pour les forces de sécurité :

"Ce budget subit une baisse de 62 millions d'euros sur l'investissement dans la police nationale, ce qui engendra une fois de plus une dégradation de nos conditions de travail."

Alliance dénonce dans un communiqué une "année blanche" en matière indiciaire, reproche à Emmanuel Macron son silence et demande aux députés de ne pas voter le budget en l'état.

"Il est hors de question que les policiers acceptent un quelconque saupoudrage ou vendent leur âme pour une prime au rabais", ajoute ce syndicat, qui avertit : "Si le président de la République n'annonce pas rapidement un plan 'Marshall' pour la police nationale, d'autres types d'actions seraient alors mises en oeuvre."

"SITUATION GRAVISSIME"

De son côté, l'association "Mobilisation des policiers en colère", qui se veut indépendante des syndicats, a lancé un appel à un rassemblement jeudi soir devant le commissariat du VIIIe arrondissement de Paris, à deux pas des Champs Elysées, où les "Gilets jaunes" tentent de manifester chaque samedi depuis le 17 novembre.

Alternative Police-CFDT fait le constat que les pouvoirs publics n'ont "toujours pas pris la mesure de la situation gravissime et alarmiste au sein de la police nationale".

Son secrétaire général, Denis Jacob, a entrepris depuis la semaine dernière de rencontrer des parlementaires. Il a écrit au chef de l'Etat, au Premier ministre, Edouard Philippe, et au ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner.

Mais ce syndicat, qui menace aussi d'appeler en janvier à "une grande mobilisation générale de rue" si "aucune réponse n'est apportée", souhaite une action unitaire.

"Si chacun agit de son côté, nous n'obtiendrons rien. Il faudra une action commune", a dit Denis Jacob à Reuters.

Un point de vue partagé par Grégory Joron, secrétaire national d'Unité SGP Police-FO, syndicat qui demande notamment le règlement de millions d'heures supplémentaires en souffrance et a aussi envoyé un courrier à Emmanuel Macron.

"Si le président de la République ne répond pas à nos revendications d'ici le 11 janvier et s'il n'ouvre pas de négociations sérieuses, nous entrerons en action", a-t-il dit à Reuters. "Nous espérons avoir une écoute plus rapide que celle que le gouvernement a eu pour les 'Gilets jaunes'." (Emmanuel Jarry, édité par Myriam Rivet)