PARIS, 17 février (Reuters) - Le parquet de Paris annonce dimanche l'ouverture d'une enquête à la suite des injures dont l'essayiste Alain Finkielkraut a été l'objet en marge d'une manifestation des "Gilets jaunes" à Paris.

L'enquête est ouverte du chef d'"injure publique en raison de l'origine, l'ethnie, la nation, la race ou la religion, par parole, écrit, image, ou moyen de communication au public par voie électronique", précise le parquet.

La classe politique a unanimement exprimé son indignation après la diffusion de vidéos sur les réseaux sociaux montrant le philosophe et académicien violemment conspué, samedi, par des manifestants.

Sur ces images, on peut voir Alain Finkielkraut face à des personnes hostiles dont certaines, revêtues d'un gilet jaune, profèrent des insultes telles que "sale sioniste de m...", "sale raciste" et "sale race", accompagnées de sifflets nourris.

Selon Yahoo Actualités, qui a fait circuler l'une des ces vidéos, la scène s'est produite sur le boulevard du Montparnasse, dans le sud de Paris.

"Les injures antisémites dont il a fait l'objet sont la négation absolue de ce que nous sommes et de ce qui fait de nous une grande nation", a réagi Emmanuel Macron via Twitter. "Nous ne les tolèrerons pas."

Dans une interview au Parisien, Alain Finkielkraut dit s'être approché par curiosité du défilé, qu'il a croisé par hasard, sans avoir l'intention de se joindre aux manifestants.

"J'ai été obligé de fuir de peur qu'ils me cassent la gueule et je pense que ça aurait pu mal tourner mais je n'ai pas été traumatisé, car un cordon de police s'est vite interposé", raconte-t-il au quotidien.

Cette scène s'est déroulée sur fond de recrudescence des faits antisémites, qui ont augmenté l'an dernier de 74% en France, passant de 311 en 2017 à 541 en 2018, après deux années de baisse, selon le gouvernement.

Alain Finkielkraut avait apporté son soutien aux "Gilets jaunes" au début du mouvement avant de déplorer, dans un entretien au Figaro publié vendredi, la tournure des événements du fait notamment de l'"arrogance" affichée selon lui par les chefs de file. (Sophie Louet avec Simon Carraud)