PARIS, 7 décembre (Reuters) - La France prévoit d'émettre 270 milliards d'euros de dette à moyen et long termes en 2023 tout en réduisant ses émissions à court terme, a annoncé mercredi l'Agence France Trésor (AFT).

La prévision d'émissions à moyen et long termes est inchangée par rapport à celle présentée en septembre avant l'examen du projet de loi de finances au Parlement, en dépit de la diminution des besoins de financement de l'Etat, ramenés à 298,4 milliards d'euros contre 305,5 milliards.

Les rachats de dette sur le marché secondaire effectués depuis septembre ont en effet permis de réduire de 7,1 milliards d'euros les amortissements à financer en 2023.

L'AFT a cependant choisi de réduire ses émissions de dettes à court terme l'an prochain: l'augmentation de leur encours devrait être limitée à 3,3 milliards d'euros, contre 10,4 milliards prévu en septembre.

La part de la dette à court terme dans l'encours total devrait ainsi diminuer, à 6,7% selon les prévisions de l'AFT contre 6,9% cette année et 7,2% en 2021.

"Par ce biais, nous reconstituons nos marges de manoeuvre pour cet instrument qui est notre première ligne de défense, en cas de matérialisation d'un risque macroéconomique par exemple", a déclaré Cyril Rousseau, le directeur général de l'AFT, lors d'une présentation à la presse.

En 2022, les émissions brutes à moyen et long terme de l'Etat ont atteint 286,2 milliards d'euros, à un taux moyen de 1,43%, contre 0,05% en 2021.

Si le déficit à financer a été un peu plus faible que prévu initialement, à 171,0 milliards d'euros contre 178,4 milliards dans la première loi de finances rectificative en août, le solde négatif des "autres ressources de trésorerie" a atteint 11 milliards sur l'année contre -2,3 milliards l'an dernier.

Un creusement qui s'explique par l'évolution des primes et des décotes à l'émission liée à la forte volatilité des marchés et à la remontée des taux d'intérêt, a précisé Cyril Rousseau.

Le taux à dix ans français sur le marché secondaire , quasi nul il y a un an, est fortement remonté cette année dans un contexte dominé par l'inflation et le resserrement de la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE): il a brièvement dépassé 2,9% en octobre et s'établit aujourd'hui autour de 2,25%.

Le programme de l'AFT prévoit la création en 2023 d'un nouveau titre de référence à trois ans, d'un autre à 5-6 ans, ainsi que deux nouvelles lignes de référence à dix ans, qui devraient être lancées à partir du deuxième trimestre.

L'AFT étudiera par ailleurs la possibilité de lancer par syndication une nouvelle obligation de référence à 30 ans.

Les titres indexés sur l'inflation devraient encore représenter environ 10% des émissions totales, avec entre autres au programme le lancement d'une nouvelle ligne de référence à dix ans indexée sur l'inflation de la zone euro (OAT€i) et la mise à l'étude d'une nouvelle ligne à 15-20 ans indexée sur l'inflation française (OATi). (Reportage Marc Angrand et Leigh Thomas, édité par Kate Entringer)