* Baisse de plus de moitié des entrées en formation en 2018

* LR dénonce une campagne contre la politique de la région

PARIS, 19 février (Reuters) - La politique de formation de la région Auvergne-Rhône-Alpes, dirigée par le chef de file des Républicains Laurent Wauquiez, n'est "pas acceptable", a dit mardi le Haut-commissaire aux compétences, Jean-Marie Marx, dénonçant une baisse de plus de moitié des entrées en formation en 2018.

Le gouvernement négocie en ce moment avec les régions les pactes d'investissement dans les compétences qui doivent leur permettre de bénéficier d'une partie de l'enveloppe de 15 milliards d'euros débloqués pour former un million jeunes et un million de chômeurs d'ici 2022.

Pour l'instant, dix régions sur 13 ont signé ces pactes. L'Ile-de-France devrait le faire en mars. Les discussions se poursuivent avec la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, en proie à des difficultés budgétaires, dit Jean-Marie Marx.

Mais les négociations avec le conseil régional d'Auvergne-Rhône-Alpes présidé par Laurent Wauquiez sont pour terminées, au motif que la région ne respecte les conditions d'abondement.

Chaque région doit s'engager à dépenser annuellement jusqu'au terme du contrat l'équivalent de son budget formation en 2017. Laurent Wauquiez, qui a fortement réduit ses dépenses en la matière l'année passée, souhaitait que l'année de référence soit 2018, selon la revue spécialisée l'Actualité de la formation.

"CATASTROPHIQUE"

"C'est une région qui s’est fortement désinvestie en matière d’achat de formations et notamment des non qualifiés", a expliqué le Haut-commissaire devant l'Association des journalistes de l'information sociale (Ajis).

Le nombre d'entrées en formation a diminué de 56% entre 2017 et 2018 et de 64% pour les publics les moins qualifiés, dit-il. "Ce n'est pas acceptable cette politique-là".

Les 652 millions d'euros que l'Etat compte dépenser sur les quatre prochaines années au regard du poids de la population non qualifiée seront versés à Pôle emploi, qui sera chargée de mener la politique gouvernementale de formation, précise Jean-Marie Marx.

"C'est catastrophique", a déclaré à Reuters Jean-Jack Queyranne, président du conseil régional Rhône-Alpes de 2004 à 2015 et conseiller régional membre du groupe socialiste.

"Dans les actions pour le retour à l'emploi et la lutte contre les inégalités, la Région est déterminante. C'est une capitulation", ajoute-t-il. "Ça se fait au détriment des plus éloignés de l'emploi et ceux qui sont en situation plus fragile".

Le budget accordé à la formation professionnelle est passé de 576,5 millions d'euros en 2015 à 468,7 millions en 2017, dit-il. Il s'agit donc selon lui de la moitié des économies budgétaires réalisées sur cette période.

La baisse totale de la formation, hors dépenses d'apprentissage, est estimée à 84,5 millions d'euros.

“On a refusé le contrat de convention pour 2019, mais rien ne dit que ce sera aussi le cas en 2020", a dit vendredi à Lyon Capitale, Stéphanie Pernod-Beaudon, vice-présidente LR du Conseil régional, dénonçant "une campagne contre la politique de la région". (Caroline Pailliez, édité par Yves Clarisse)