* Marine Le Pen juge "légitime" le mouvement des "Gilets jaunes"

* Elle réclame de nouveau une dissolution de l'Assemblée nationale

MARSEILLE, 19 janvier (Reuters) - Marine Le Pen a dénoncé samedi "une crise de régime" et apporté son soutien aux "Gilets jaunes", lors du meeting de lancement de la campagne du Rassemblement national (RN) pour les élections européennes de 2019, au Thor, dans le Vaucluse.

Ce meeting, en présence de la jeune tête de liste du parti d'extrême droite, Jordan Bardella, et du transfuge du parti Les Républicains Thierry Mariani, coïncidait avec le dixième samedi de mobilisation des "Gilets jaunes", dont le mouvement a jeté une ombre sur le quinquennat d'Emmanuel Macron.

"Cette république oligarchique, cette démocratie confisquée finit en crise de régime", a lancé la présidente du RN devant plusieurs centaines de personnes. "Nous avons un président qui ne peut quasiment plus se déplacer dans son propre pays, un Parlement qui n’est pas représentatif."

Elle a salué dans le mouvement des "Gilets jaunes" une révolte "légitime et bienfaisante, saine et courageuse".

"La crise des 'Gilets jaunes' a fait naître d’innombrables questions", a-t-elle ajouté. "Comment s’étonner que les débats qui n’ont pas lieu à cause d’une (...) représentation en trompe-l’œil se déroulent du coup sur les ronds-points et dans la rue avec les risques que cela comporte ?"

La présidente du RN a ironisé sur le "grand débat national" lancé la semaine passée par Emmanuel Macron pour tenter de répondre au moins partiellement aux revendications des "Gilets jaunes" et d'apaiser leur mouvement.

"En fait d'acte II du quinquennat, le grand débat risque de ressembler à un clap de fin pour ce théâtre d'ombres qu'est le gouvernement", a-t-elle déclaré dans un discours que son auditoire a ponctué de cris "Macron démission !"

RETOUR AUX URNES

Elle a énuméré les éléments, selon elle, d'une sortie de crise : réforme réduisant le nombre des parlementaires et instaurant le scrutin proportionnel aux élections législatives, instauration du référendum d'initiative citoyenne également réclamé par les "Gilets jaunes" ; dissolution de l'Assemblée nationale et retour aux urnes.

"Il faut redonner la parole au peuple", a-t-elle fait valoir. "M. Macron, lui, croit qu’il va pouvoir échapper à la dissolution. Mais à ce niveau d’exaspération, d’attentes du pays, de défiance populaire pour l’actuelle majorité (...), il n’aura pas le choix."

Marine Le Pen a ainsi estimé que le chef de l'Etat ne pourrait pas "échapper aux électeurs" lors des élections européennes du 26 mai, "même s'il court vite".

"Le scrutin européen du 26 mai nous donne l’occasion d’aller le chercher, démocratiquement", a-t-elle insisté. "Parce qu'entre l'isoloir et l'urne, il n'y aura pas de barrage de CRS pour vous empêcher d'aller le chercher."

"Il faut arrêter ce président qui gouverne seul et qui signe en catimini des traités sans même en informer les Français" et "vend la France à la découpe", a-t-elle ajouté, en citant le pacte de Marrakech sur les migrations et le futur traité franco-allemand de coopération et d'intégration d'Aix-la-Chapelle.

"Le 26 mai sera un rendez-vous historique. Le combat électoral opposera les nationaux que nous représentons aux mondialistes qu’incarnent Emmanuel Macron", a-t-elle conclu.

Dans un sondage Ifop-Fiducial publié mercredi, le parti d'Emmanuel Macron, La République en Marche, repasse cependant devant le RN dans les intentions de vote (23% contre 21%), alors que le parti de Marine Le Pen faisait seul la course en tête depuis deux mois. (Marc Leras, édité par Emmanuel Jarry)