Le déficit public 2019 de la France s'inscrit donc pour la troisième année consécutive dans les clous européens et il est légèrement inférieur aux dernières prévisions du gouvernement, qui l'attendait à 3,1% dans la loi de finance rectificative pour 2020 publiée lundi.

La première évaluation des résultats des comptes nationaux des administrations publiques pour 2019 fait néanmoins ressortir une hausse du déficit public de 0,7 point de PIB par rapport à 2018, principalement sous l'effet de l'impact ponctuel de la transformation du Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) en baisse de charges pérenne (pour 0,9 point de PIB).

En volume, le déficit public - qui agrège les soldes des comptes de l'Etat, des administrations de Sécurité sociale et des collectivités locales - s'est établi à 72,8 milliards d'euros.

L'Insee a parallèlement annoncé une hausse de 65,2 milliards d'euros de la dette publique de la France l'an dernier à 2.380,1 milliards d'euros l'an dernier.

Rapportée au PIB, la dette est en revanche restée stable à 98,1%, sous les 98,8% attendu par le gouvernement avant une remontée programmée au-dessus du seuil de 100% cette année.

Les ministres de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, et de l'Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, ont estimé dans un communiqué commun que ces chiffres confirmaient "la robustesse des sous-jacents de notre économie avant la crise, faisant de la France une signature solide pour emprunter dans les circonstances actuelles".

Cela permet à "la France de disposer d'un peu plus de marge de manoeuvre pour financer les mesures d'urgence sans précédent mises en place pour faire face à la crise sanitaire" qui entraîneront cette année "un dépassement du seuil de déficit de 3% du PIB et de 100% du PIB pour la dette".

Pour 2020, le gouvernement table pour l'instant sur un déficit public de 3,9% mais ce chiffre sera probablement revu à la hausse dans le programme de stabilité qu'il devra envoyer le mois prochain à la Commission européenne.

FLEXIBILITÉS EUROPÉENNES EN 2020

La loi actant le plan de soutien de 45 milliards d'euros face aux répercussions sur l'économie de l'épidémie de coronavirus s'appuie en effet sur l'hypothèse d'une contraction de 1% du PIB de la France cette année mais Bruno Le Maire a prévenu mardi que le chiffre de 2020 serait "bien inférieur".

La trajectoire de redressement des finances publiques votée en début de quinquennat avait déjà été mise à mal par le financement des mesures prises pour répondre au mouvement des "Gilets jaunes", dont la baisse de l'impôt sur le revenu et la revalorisation des pensions de retraite.

Elle est désormais rendue caduque par la nécessité de combattre ce que Bruno Le Maire a décrit comme une crise économique sans précédent depuis la Grande Dépression de 1929.

L'exécutif européen a proposé vendredi l'activation de la "clause dérogatoire générale", qui permet aux Etats membres de l'UE de s'écarter du cadre budgétaire ordinaire en cas de crise généralisée et la politique budgétaire française "s'inscrira dans le cadre (de ces) flexibilités", ont précisé les ministres de Bercy dans leur communiqué.

Dans le détail, les dépenses publiques ont augmenté de 2,6% l'an dernier, après +1,3% en 2018. Une accélération encore plus marquée si l'on exclut la charge d'intérêts de la dette, qui a fortement diminué dans un contexte de taux historiquement bas. Sur ce périmètre restreint, leur progression est passée de 1,3% en 2018 à 3,1% en 2019.

Les dépenses totales ont représenté 55,6% de la richesse nationale l'an passé, une proportion presque stable par rapport à 2018 (55,7%). Le taux de prélèvements obligatoires a quant à lui baissé de 0,7 point pour revenir à 44,1% du PIB.

Pour ce qui est des recettes, l'année 2019 a notamment été marquée par une baisse de l'impôt sur les sociétés pour les entreprises dont le chiffre d'affaires n'a pas dépassé 250 millions d'euros, l'effet en année pleine de la suppression des cotisations maladie et de la baisse des cotisations chômage initiées en 2018, la deuxième phase de la suppression de la taxe d'habitation et la défiscalisation des heures supplémentaires.

(Myriam Rivet, édité par Blandine Hénault et Marc Angrand)