* Entre 265 et 402 loups en France en mars 2017

* Quarante abattages autorisés en 2018

* Les éleveurs et les défenseurs du loup mécontents (Actualisé avec réactions § 12-17)

PARIS, 19 février (Reuters) - Nicolas Hulot et Stéphane Travert ont présenté lundi un "plan loup" appelé à régir l'équilibre entre la préservation de l'espèce et la protection des éleveurs pour les six années à venir qui prévoit une population de 500 loups en 2023.

Le ministre de la Transition écologique et solidaire et le ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation ont élaboré ce plan issu d'une concertation à l'automne avec les représentants des éleveurs, des ONG et des élus locaux.

Réapparus en France en 1992, les loups ont connu une évolution favorable ces cinq dernières années, passant de 119-229 animaux en mars 2013 à 265-402 en mars 2017, note le gouvernement, une évolution qui "suggère que la population de loups n'est pas exposée à un risque d'extinction démographique supérieur à 10% sur 100 ans".

Au-delà des frontières françaises, l'Espagne compte 2.200 à 2.500 loups, l'Italie entre 1.000 et 2.400 animaux.

En France, le plafond des loups pouvant être "détruits" est fixé à 40 pour 2018 par le gouvernement, un seuil susceptible d'être réévalué en fonction du suivi de la population cet hiver.

A compter de 2019, ce plafond annuel est fixé à 10 % de la population, avec la possibilité d'un relèvement de 2%.

Les tirs sont confiés à la brigade loup de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), mais aussi aux "lieutenants de louveterie" (des fonctionnaires bénévoles) et aux chasseurs volontaires, autorisés à participer "aux tirs de prélèvement" après avoir suivi une formation obligatoire.

Les éleveurs (de brebis et plus rarement de bovins) ont également la possibilité de tirer défensivement en cas d'attaque, et de tirer en l'air pour effaroucher les loups sans formalité administrative.

DES MÉCONTENTS DES DEUX CÔTÉS

Environ 88,7% de leurs constats de prédation sont indemnisés, pour un montant qui a atteint 3.200.000 euros en 2016 (en hausse de 60 % depuis 2013).

Dans les foyers d'attaques, le plan rend obligatoire des mesures de protection des troupeaux (chiens, clôtures ou regroupement nocturne, surveillance) pour percevoir des indemnisations, tout en assurant les bergers d'un accompagnement.

Le plan n'a paru satisfaire lundi aucun des acteurs en jeu, associations de défense du loup ou partisans du monde pastoral.

La sénatrice des Alpes Maritimes Dominique Estrosi Sassone a dénoncé dans un communiqué "des décisions qui ne tiennent pas compte des revendications des éleveurs ni de la diversité des territoires", déplorant "3.000 bêtes tuées dans son département en 2016".

Michel Dantin, député européen PPE du Sud-Est, a déploré pour sa part la "continuité d'une politique qui a été désastreuse pour tout le monde".

Du côté des pro-loups, l'Association pour la protection des animaux sauvages (Aspas) a annoncé sur Twitter son intention de saisir le Conseil d'État contre les deux arrêtés qui prévoient les conditions dans lesquelles les loups pourront être "détruits".

Elle estime en outre qu'en raison de changements dans le calendrier des tirs de loups, désormais calqué sur l'année civile, "au final, on autorise à tuer soixante-quinze loups en dix-huit mois, soit 20 % de la population".

WWF France a regretté une "frilosité coupable" de l'Etat et jugé qu'il n'existait aucune preuve de l'efficacité de ces 40 abattages, "autorisés depuis 4 ans déjà" pour réduire les attaques sur les troupeaux ovins. (Julie Carriat, édité par Yves Clarisse)