PARIS, 28 février (Reuters) - Les 150 Français qui avaient été tirés au sort pour participer à la Convention citoyenne pour le climat ont jugé très sévèrement dimanche la manière dont le gouvernement a repris à son compte leurs propositions destinées à lutter contre le changement climatique.

Revenant sur la promesse du président Emmanuel Macron de reprendre "sans filtre" leurs 149 propositions, le gouvernement a présenté un projet de loi "climat et résilience" qui intègre notamment des mesures retenues par le Premier ministre Jean Castex l'an dernier.

Elaboré dans l'objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40% d'ici 2030, il sera débattu à l'Assemblée nationale fin mars.

Les citoyens appelés à se prononcer dimanche sur les mesures gouvernementales les ont jugé "insuffisantes", leur attribuant une note globale de 3,7 sur 10.

Pour Clément Sénéchal, chargé de campagne à Greenpeace France, "cette gifle illustre la déconnexion profonde qui existe entre Emmanuel Macron et la population sur les enjeux écologiques."

Un avis partagé par le député écologiste Matthieu Orphelin, qui juge dans un communiqué que "les 150 citoyennes et citoyens ont très logiquement et très fortement sanctionné l'inaction du gouvernement et la faiblesse de son projet de loi".

"ON A PRIS UN RISQUE"

Du côté du gouvernement, on défend le choix d'avoir écarté certaines propositions, tout en rappelant que le projet de loi pourra être "amélioré" lors des débats au Parlement.

"Il y a toujours cette idée que quand on ne fait pas 100% de ce qui est sur la table, on fait mal", a regretté dimanche le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, Clément Beaune, invité sur France Inter à réagir au vote des citoyens.

"Il y a eu un exercice démocratique, on a pris un risque", a-t-il ajouté, défendant le choix du gouvernement d'avoir adopté un "rythme de mise en place des mesures plus progressif que ce que proposait la Convention".

Seules six des 47 mesures retenues par le gouvernement ont de fait obtenu la moyenne à l'issue du vote des membres de la Convention destiné à tirer le bilan de leurs travaux.

La réponse gouvernementale a été jugée insatisfaisante sur quatre des six grands thèmes sur lesquels les citoyens avaient été appelés à faire des propositions (se loger, produire et travailler, se nourrir, se déplacer) tandis que les deux autres (consommer et gouvernance) n'ont obtenu qu'une mention "passable".

Parmi les mesures du projet de loi "Climat et résilience" figurent la fin de la location de logements mal isolés, surnommés "passoires thermiques", à l'horizon 2028, la régulation de la publicité pour les énergies fossiles et la fin des lignes aériennes "s'il existe une alternative en train en moins de 2h30", là où les membres de la Convention proposaient quatre heures.

Emmanuel Macron, qui avait présenté cette Convention comme un gage de "verdissement" de sa politique, a annoncé en décembre la tenue d'un référendum sur l'introduction d'une référence à l'environnement dans l'article 1er de la Constitution française. . (Tangi Salaün et Elizabeth Pineau)