* Un minimum de 75 sur 100 requis pour éviter les sanctions

* Plafond de verre plus tenace dans les grandes entreprises

* Peu de femmes parmi les hauts salaires

PARIS, 23 janvier (Reuters) - Seulement 6% des entreprises de plus de 50 salariés ont éliminé tout écart de rémunération non justifié entre les hommes et les femmes, déplore le ministère du Travail, qui a dévoilé mercredi les premiers résultats d'un large simulation pour tester son index sur les inégalités.

Cet index, présenté en novembre par le gouvernement et que les entreprises de plus de 50 salariés auront l'obligation de publier chaque année, doit permettre d'éradiquer les inégalités salariales entre les hommes et les femmes d'ici 2022.

Il prend la forme d'une note sur 100, qui compile l'écart de rémunération, l'égale répartition des augmentations et des promotions, le pourcentage de salariés ayant bénéficié d'une augmentation au retour d'un congé maternité et le nombre de femmes parmi les dix plus hautes rémunérations.

Si le score est inférieur à 75, les entreprises disposent de trois ans pour se mettre en conformité et atteindre le seuil requis, faute de quoi elles se verront imposer une sanction financière pouvant aller jusqu'à 1% de leur masse salariale.

Les simulations, qui ont été réalisées sur 40.000 entreprises du privé à partir des déclarations annuelles de données sociales, révèlent que les entreprises de plus 1.000 salariés font meilleure figure en terme d'égalité salariale mais le plafond de verre y est le plus tenace.

Pour 83% d'entre elles, les écarts de rémunération entre hommes et femmes à tranche d'âge et poste équivalent sont inférieurs à 8% (après une marge de tolérance). Seules 1% d'entre elles sont irréprochables.

Pour les entreprises de 250 à 1.000 salariés, cette statistique est de 73% et celles de 50 à 250 salariés, de 61%.

2 OU 3 FEMMES PARMI LES HAUTS SALAIRES

En revanche, pour plus de 54% des grandes entreprises, aucune femme ou une seule femme figurait parmi les dix salariés ayant perçu les plus hautes rémunérations. Cette proportion arrive à 44% chez les entreprises de 250 à 1.000 salariés et 41% pour celle de 50 à 250 salariés.

En moyenne, un peu moins de deux ou trois femmes figuraient parmi les dix salariés les plus rémunérés.

"Ce qu'on espère, c'est que les entreprises avec une mauvaise note essaient immédiatement de corriger leurs pratiques", ne serait-ce que pour améliorer leur image dans un contexte où il est difficile pour les entreprises de recruter, fait-on savoir dans l'entourage de la ministre du Travail, Muriel Pénicaud.

Les simulations, qui portent sur des données de 2015, n'ont permis de tester que le premier et le dernier critère de l'index.

Les secteurs les moins performants étaient la construction, les activités financières et d'assurances, ainsi que les activités spécialisées et scientifiques, où seulement 46%, 53% et 57% des entreprises respectivement y présentaient un écart salarial inférieur à 8%.

A l'inverse, les meilleures élèves étaient les entreprises de l'hébergement et de la restauration, où les petits salaires ne permettent pas d'accentuer les écarts, le transport et entreposage, et les services d'administration, d'enseignements et de santé, lesquels sont plus féminisés, selon le ministère du Travail.

Les entreprises de plus de 1.000 salariés devront publier l'index à partir du 1er mars prochain, celles de taille moyenne à partir du 1er septembre et les plus petites à partir de mars 2020. Pour ces dernières, le ministère compte mettre au point d'ici janvier 2020 un logiciel automatisé qui leur permettra de calculer directement l'index. (Caroline Pailliez)