* Quelque 2.000 maires reçus à l'Elysée en marge du congrès

* Macron demande à l'AMF d'arrêter les "fausses polémiques"

PARIS, 21 novembre (Reuters) - Emmanuel Macron a promis mercredi à des maires de France "fatigués" et échaudés une "nouvelle méthode" de travail et de concertation qui doit permettre de tourner la page de seize mois de crispations et d'incompréhensions entre l'exécutif et les édiles qui dénonçaient des "mesures unilatérales".

A la veille du discours du Premier ministre Edouard Philippe au congrès annuel des maires à Paris, le chef de l'Etat a reçu sous les dorures de la salle des fêtes de l'Elysée quelque 2.000 élus avec lesquels il s'est livré à un jeu de questions-réponses.

"Je sais que votre quotidien n'est pas facile, celui du gouvernement ne l'est pas davantage", a-t-il déclaré dans ses propos liminaires. Face aux défis, "on a une responsabilité commune, c'est d'être ensemble. Si on n'est pas ensemble, alors on ouvre un formidable boulevard, non pas aux populistes mais aux démagogues".

"Il faut un changement de méthode entre nous, c'est ce que j'ai voulu initier ce soir et ce qu'on va poursuivre ensemble dans les prochains mois, dans la manière de préparer les textes au niveau national et de les porter", a-t-il poursuivi, quelques heures après une rencontre avec le bureau de l'Association des maires de France (AMF) qui n'a pas mâché ses mots ces dernières semaines contre l'exécutif.

Selon l'Elysée, le chef de l'Etat a, au cours de cet échange avec les instances de l'AMF, appelé à mettre un terme à de "fausses polémiques" et "à la scénarisation des désaccords" et s'est dit prêt à "travailler ensemble" sur la taxe d'habitation et la dotation globale de fonctionnement (DGF), deux points de crispations.

Il a également donné son accord à une méthode de concertation en amont sur les projets du gouvernement et sur la modification du fonctionnement de la conférence nationale des territoires, a précisé l'Elysée. Le chef de l'Etat s'est par ailleurs engagé, selon son entourage, à se rendre l'an prochain au congrès porte de Versailles.

Sa décision de ne pas s'y rendre cette année, contrairement à l'an dernier où il avait essuyé des sifflets, a été regrettée et critiquée par certains maires qui ont décidé de boycotter en retour la réception à l'Elysée.

"PAS DE RETOUR EN ARRIÈRE"

Dans un communiqué publié un peu plus tôt dans la journée, l'AMF avait demandé à Emmanuel Macron et au gouvernement de s'engager dans "une vraie négociation" avec les communes pour rétablir la confiance entre l'Etat et les élus.

"Nous souhaitons la mise en place d'une méthode de travail avec un calendrier précis qui permette à l'Etat et à l'AMF de s'engager dans une négociation sincère afin de rétablir la confiance", avait indiqué l'association. "Il y a urgence à renouer le dialogue dans une vraie négociation".

Lors de l'échange avec les maires, Emmanuel Macron s'est dit "tout à fait prêt à ouvrir le chantier de la réforme des règles de la DGF", s'est dit "favorable à confier aux élus la gestion de la fonction publique territoriale" et à "améliorer à la marge la loi Notre (nouvelle organisation territoriale de la République)".

"Ca ne veut pas dire revenir en arrière mais (...) on peut améliorer des choses", a-t-il souligné. Quant à la suppression de la taxe d'habitation à l'horizon 2020, l'"engagement a été tenu", a-t-il ajouté, sans donner plus de précisions sur la compensation de la suppression de cette taxe, traditionnelle source de recettes pour les communes.

Cette compensation se révèle être un véritable casse-tête pour l'exécutif dans un contexte de contrainte budgétaire et rien ne devrait être annoncé avant la présentation au premier semestre 2019 d'un projet de loi de finances rectificative dans lequel sera introduite la réforme de la fiscalité locale. (Marine Pennetier, édité par Julie Carriat)