(Actualisé avec Le Maire et députée LaRem, derniers paragraphes)

PARIS, 15 février (Reuters) - Le Premier ministre Edouard Philippe a émis vendredi l'idée de demander des "contreparties" aux citoyens en échange du versement d'aides sociales, tout en reconnaissant qu'il s'agissait d'un sujet "explosif".

"Est-ce qu'on demande des choses en contrepartie des mécanismes de solidarité?", a-t-il demandé lors d'un échange avec des élus locaux et des dirigeants de PME dans le Finistère organisé dans le cadre du "grand débat national". "C'est un débat totalement explosif."

"Moi, ma conviction, qui est une conviction personnelle, c'est que compte tenu de l’importance de nos mécanismes de solidarité, compte tenu de nos finances publiques, compte tenu de la situation d'un pays qui est en croissance mais qui reste avec un niveau de chômage élevé, il faut qu'on s'interroge sur ces contreparties", a-t-il ajouté.

"Il faut qu'on regarde ce qu'on peut réfléchir avec nos concitoyens comme contrepartie au versement obligatoire", a-t-il poursuivi. "C'est indispensable d'avoir des mécanismes de solidarité pour ceux qui sont dans la difficulté, on est un pays où la solidarité ça compte, il ne s'agit pas de revenir en arrière, il s'agit de s'interroger sur 'est-ce que cette solidarité, elle peut s'accompagner de contreparties, d'activités, d'activités d'intérêt général'?"

"C'EST DÉJÀ LE CAS", DIT BRUNO LE MAIRE

En déplacement à Nice (Alpes-Maritimes), le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, a déclaré pour sa part que les contreparties au versement des aides sociales "c'est déjà le cas".

"Nous avons renforcé les conditions pour toucher l'assurance chômage - on a été très critiqués là-dessus - en ayant individualisé cette recherche d'emploi et en ayant exigé plus de choses de la part du demandeur d'emploi pour qu'il touche son assurance chômage", a-t-il dit lors d'un débat filmé par BFM TV.

"Et c'est le principe qui est au coeur des allocations sociales françaises, c'est-à-dire qu'il y a des droits mais il y a aussi des devoirs en regard de ces droits. Et je pense qu'une société, elle tient debout quand en face des droits, il y a aussi des devoirs. C'est le cas notamment pour l'indemnisation du chômage et je pense le Premier ministre a eu raison de le rappeler", a ajouté Bruno Le Maire.

La députée La République en marche de l'Ain Olga Givernet a jugé quant à elle qu'Edouard Philippe avait commis une "maladresse" en se utilisant le grand débat national (GDN) pour "glisser des idées qui lui sont propres et qui n’engagent en aucun cas la majorité." "Nous ne devons et ne pouvons pas nous servir du GDN pour influer le débat avant son terme", écrit-elle dans un communiqué.

En 2016, la décision du conseil départemental du Haut-Rhin de conditionner le versement du RSA à des heures de bénévolat avait suscité une polémique et avait été dénoncée par les associations venant en aide aux personnes précaires.

En juin 2018, le Conseil d'Etat a validé cette décision à condition que ces heures de bénévolat "puissent contribuer à une meilleure insertion professionnelle du bénéficiaire et restent compatibles avec la recherche d'un emploi". (Marine Pennetier et Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse)