(Actualisé avec date du délibéré § 4 et citations §6-7)

PARIS, 20 septembre (Reuters) - Le ministère public a requis vendredi trois mois de prison avec sursis contre Jean-Luc Mélenchon, jugé ces deux derniers jours à Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour les incidents qui ont émaillé les perquisitions de l'an dernier dans les locaux de La France insoumise et au domicile de certains de ses dirigeants.

Les procureurs ont également réclamé une amende de 8.000 euros à l'encontre du député de Marseille, poursuivi pour rébellion, rébellion en réunion, provocation à la rébellion et actes d'intimidation envers un magistrat et des policiers.

Le parquet s'est montré plus indulgent avec les cinq autres prévenus, dont le député Alexis Corbière et l'eurodéputé Manuel Bompard, contre qui sont requises des amendes de 2.000 à 10.000 euros, sans emprisonnement.

Les juges rendront leur décision le 9 décembre.

Les réquisitions sont très inférieures aux peines encourues, notamment dans le cas de Jean-Luc Mélenchon, qui risque théoriquement dix ans de prison ferme et 150.000 euros d'amende.

Prenant pour la première fois la parole en public depuis le début du procès, l'élu marseillais a toutefois fustigé le réquisitoire, en premier lieu la demande de sursis qui ferait planer sur lui une menace judiciaire permanente et reviendrait donc à lui "mettre un bâillon sur la bouche".

"On voit la débandade politique de ceux qui sont en arrière-plan de toute ce procès dont nous sortons tous abîmés sur le plan humain et sur le plan institutionnel", a ajouté Jean-Luc Mélenchon, qui a soutenu à l'audience la thèse du "procès politique" instruit par le pouvoir.

Devant le tribunal, magistrats et avocats ont rejoué, vidéos à l'appui, les perquisitions du 16 octobre 2018, en particulier celle au siège de LFI qui a viré à la cohue, contraignant le parquet à écourter les opérations.

Ces perquisitions avaient lieu dans le cadre de deux enquêtes préliminaires ouvertes par le parquet de Paris, liées à des soupçons d'emplois fictifs au Parlement européen et aux comptes de la campagne présidentielle du candidat, en 2017. (Simon Carraud, édité par Sophie Louet)