PARIS, 25 janvier (Reuters) - L'intersyndicale contre la réforme des retraites s'est efforcée mercredi d'afficher son unité alors que la CGT a déjà prévu de nouvelles grèves dans certains secteurs sans attendre la prochaine journée de mobilisation interprofessionnelle le 31 janvier.

Les dirigeants des huit organisations représentées au sein de cette intersyndicale se sont retrouvés devant l'Assemblée nationale où leurs délégations devaient défendre leurs arguments devant les députés de la commission des Affaires sociales, alors que les contacts sont d'après eux rompus avec l'exécutif, lequel martèle sa détermination à mener à bien sa réforme consistant notamment à porter de 62 à 64 ans l'âge de départ légal à la retraite.

Forte de ce qu'elle considère comme un succès lors de la première journée de mobilisation le 19 janvier, qui a réuni plus d'un million de manifestants à travers la France selon les autorités, plus de deux millions selon la CGT, l'intersyndicale a appelé "toute la population à se mobiliser encore plus massivement le 31 janvier pour dire non à cette réforme injuste".

"Nous avons appelé à multiplier d'ici au 31 janvier (...) toutes les actions et initiatives partout sur le territoire, dans les entreprises et les services, dans les lieux d'étude y compris par la grève", a ajouté Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, lisant un communiqué de l'intersyndicale au milieu de ses homologues des autres syndicats.

La CGT a déjà annoncé une grève de 48 heures jeudi et vendredi dans le secteur pétrolier, notamment les raffineries, suivie d'une autre de 72 heures à partir du 6 février. Elle compte aussi agir dans le secteur de l'électricité en cette fin de semaine, non seulement en organisant la gratuité ou des réductions de tarifs pour certains clients mais aussi en menaçant certains élus du camp présidentiel ou chefs d'entreprise de coupures de courant.

La CGT et Sud-Rail ont en outre appelé les cheminots à deux journées de débrayage les 7 et 8 février

"PAS BESOIN DE DURCISSEMENT À TOUS CRINS", DIT BERGER

La confédération de Philippe Martinez apparaît pour l'instant seule sur cette ligne mais les autres dirigeants syndicaux rejettent l'idée de la moindre division dans le front syndical contre la réforme portée par le gouvernement d'Elisabeth Borne et promise par le président Emmanuel Macron durant sa campagne électorale.

"On a eu une excellente mobilisation le 19 (...) ça suffit à pouvoir se faire entendre (...) on n'a pas besoin (d'un) durcissement à tous crins (avec le risque de) perdre une partie de l'opinion", a dit Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, affirmant qu'il "ne donnerai(t) pas ce plaisir" au gouvernement.

"La CFDT ne cautionne pas les coupures de courant, elle n'est pas pour appeler à la grève reconductible dans certains secteurs professionnels et pour autant, le 31, on sera ensemble pour dire non à cette réforme", a-t-il ajouté. "Est-ce que quelqu'un dans ce pays découvre qu'on n'est pas toujours d'accord entre la CGT et la CFDT (...) qu'on n'a pas toujours les mêmes modalités d'actions ? Non. Pour autant, là, on est unis pour dire qu'on ne veut pas des 64 ans."

Son homologue de la CFE-CGC lui a fait écho.

"Je ne suis pas tellement inquiet de certains appels qui peuvent paraître être comme disharmonieux par rapport au mouvement", a dit François Hommeril. "Parfois, suivant certains endroits, certaines activités, certains sites, certaines entreprises, ils décident de faire d'autres initiatives et moi je ne veux pas les blâmer."

"Aujourd'hui ça ne peut pas entamer" l'unité syndicale, a-t-il assuré. "Je ne jette pas la pierre aux gens qui prennent des initiatives qui peuvent paraître discordantes."

Philippe Martinez, lui, a répété qu'"il faut des grèves, y compris entre deux journées interprofessionnelles".

"L'unité, elle est au niveau national", a-t-il dit. (Rédigé par Bertrand Boucey, édité par Matthieu Protard)