* Croissance du PIB attendue à 0,4% au T1 et au T2

* La consommation des ménages repart, rebond de l'investissement des entreprises

* Impact du Brexit estimé entre -0,3 et -0,6 point de PIB (Actualisé avec lien vers la note de l'Insee)

PARIS, 19 mars (Reuters) - L'économie française devrait connaître une croissance toujours modérée au premier semestre, une légère accélération lui permettant cependant de tirer son épingle du jeu au sein de la zone euro du fait de sa moindre exposition au commerce mondial et des retombées des mesures en faveur du pouvoir d'achat votées fin 2018, selon l'Insee.

L'activité économique, un peu plus soutenue en fin d'année 2018 (+0,3% par trimestre) qu'au premier semestre (+0,2% par trimestre), devrait encore à peine accélérer sur la première moitié de l'année 2019, avec une progression du produit intérieur brut (PIB) attendue à 0,4% au premier comme au deuxième trimestre, précise l'institut dans une note de conjoncture publiée mardi.

Au total, l'acquis de croissance pour l'ensemble de l'année 2019 - à savoir la progression du PIB si la croissance des deux derniers trimestres était nulle - devrait ainsi selon l'Insee s'établir à 1,1% au 30 juin prochain (contre 1,0% dans la précédente prévision).

Après une fin d'année 2018 marquée par des perturbations liées au mouvement des "Gilets jaunes", les mesures d'urgence économique et sociale annoncées en décembre pour tenter d'enrayer la contestation devraient soutenir le pouvoir d'achat et contribuer à relancer une consommation des ménages atone en fin d'année dernière.

Même si le mouvement des "Gilets jaunes" a pu avoir des conséquences localement sévères, son impact macroéconomique à court terme "a été plus faible que son retentissement politique et médiatique", a souligné lors d'une conférence de presse Julien Pouget, chef du département conjoncture de l'Insee, en confirmant l'estimation d'un impact négatif de 0,1 point fournie en décembre.

Les mesures adoptées en réponse à cette crise, d'un montant d'environ dix milliards d'euros, combinées à baisse des prix du pétrole et du gel des taxes correspondantes, devraient permettre de soutenir un pouvoir d'achat déjà stimulé en fin d'année dernière par les diminutions de la taxe d'habitation et des cotisations salariales.

REGAIN DE POUVOIR D'ACHAT

Selon l'Insee, le pouvoir d'achat des ménages devrait donc globalement progresser de 0,7% en début d'année avant de se stabiliser par contrecoup au deuxième trimestre.

Au total, il afficherait à fin juin un acquis de croissance de 1,8%, soit un niveau supérieur à sa progression de 1,2% l'an dernier.

Dans ce contexte de progression du pouvoir d'achat, la consommation des ménages, étale en fin d'année 2018, devrait repartir en hausse de 0,5% au premier trimestre et croître de 0,4% au deuxième.

La diffusion de l'effet des mesures d'urgence pour le pouvoir d'achat à la consommation des ménages devrait par ricochet soutenir la croissance, avec "un effet sur le PIB de l'ordre de +0,1 à +0,2 point de PIB à l'horizon de notre prévision", c'est-à-dire sur le premier semestre, a précisé Julien Pouget à la presse.

Au-delà du redémarrage de la consommation, traditionnel moteur de l'économie de française, la demande intérieure devrait également être soutenue par la solide croissance de l'investissement des entreprises, qui pourrait profiter de l'apport ponctuel de trésorerie lié à la transformation du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) en baisse pérenne de charges.

FLOU GRANDISSANT AUTOUR DU BREXIT

La contribution du commerce extérieur devrait à l'inverse repasser dans le rouge au premier semestre (-0,1 point sur chaque trimestre après +0,3 point fin 2018), sous l'effet d'une rechute des exportations après la poussée habituelle en fin d'année des exportations aéronautiques et navales.

Dans un contexte général de croissance modérée, l'économie française devrait continuer de créer des emplois à un rythme comparable à celui observé en 2018, avec 85.000 créations attendues sur les six premiers mois de l'année.

Le taux de chômage reviendrait ainsi à 8,7% à la mi-2019, en repli de 0,1 point par rapport à décembre 2018 mais en recul de 0,4 point sur un an.

Au rang des aléas susceptibles de modifier ce scénario, l'Insee cite la persistance des incertitudes internationales, qu'il s'agisse des tensions commerciales mais aussi du flou croissant concernant les modalités du Brexit.

Selon les calculs de l'Insee, une sortie ordonnée du Royaume-Uni de l'Union européenne amputerait la croissance française de 0,3 point, tandis qu'une séparation sans accord la pénaliserait à hauteur de 0,6 point - un impact étalé sur "plusieurs trimestres" dans les deux cas.

La note de conjoncture de l'Insee:

https://bit.ly/2CtyBjZ (Myriam Rivet, édité par Yves Clarisse)