* Succès populaire pour le premier Loto, 22 millions récoltés

* Les députés préconisent de doubler ce chiffre dès 2019

* Des modalités d'organisation et de redistribution à revoir

PARIS, 23 janvier (Reuters) - Un mission parlementaire préconise de pérenniser le Loto du patrimoine créé l'an dernier par Emmanuel Macron pour aider à rénover des bâtiments en péril, qui a connu un succès populaire, tout en modifiant certaines de ses modalités de fonctionnement.

Selon le rapport des députés Sophie Mette (MoDem) et Michel Larive (LFI), la vente des 12 millions de tickets mis en jeu va rapporter près de 22 millions d'euros auxquels s'ajoutent 5,5 millions provenant d'opérations de mécenat menées parallèlement.

Au total 269 projets ont été jugés "prioritaires" pour 2019, dont 18 "emblématiques". Églises, châteaux, théâtres, forts, ponts, thermes, les maisons des écrivains Pierre Loti à Rochefort (Charente-Maritime) et Aimé Césaire à Fort-de-France (Martinique) : toutes sortes de bâtiments sont concernés.

"Cette diversité constitue un élément déterminant, d’après nous, du succès de l’opération", soulignent les députés, qui notent aussi le "succès commercial" du Loto du Patrimoine, promu à titre gracieux par l'animateur de télévision Stéphane Bern.

"Pour toutes ces raisons, nous pensons que cette initiative est structurante pour l’avenir et qu’elle doit, à ce titre, être reconduite et pérennisée", peut-on lire dans le compte rendu de la mission, qui a donné lieu à de nombreuses auditions.

Au chapitre des bémols, les élus pointent le coût élevé du ticket - 15 euros - "en contradiction avec le caractère populaire de l’opération".

Ils fixent comme objectif de "doubler les ressources allouées à la Fondation du patrimoine", soit une quarantaine de millions d'euros. L'abaissement du taux de retour aux joueurs (de 72% actuellement), la création d'un autre jeu à gratter moins cher, l'affectation à la Fondation de l'intégralité des mises non distribuées figurent parmi les pistes avancées.

Les députés demandent aussi un effort à la Française des jeux (FDJ) "qui a bénéficié d'une opération de publicité gratuite avec l'image de l'animateur le plus connu en matière de sauvegarde du patrimoine sans débourser un seul centime. Elle pourrait abaisser son retour, c'est à négocier", a déclaré Michel Larive en conférence de presse à l'Assemblée.

PRIVILÉGIER LE PRIVÉ

Pour ce qui est du choix des projets, la procédure gagnerait selon eux à "être mieux structurée" en prévoyant notamment un étalage du financement des travaux, qui courent sur des années.

"Le Loto n'a pas vocation, selon nous, à constituer un financement pérenne ou exclusif : il doit servir à créer un effet de levier initial pour amener d’autres financeurs autour de la table", estiment-ils.

Autre critique : le Loto ne saurait exonérer l'Etat de ses responsabilités à travers les Directions régionales des affaires culturelles (Drac) ou le Centre des monuments nationaux, et devrait de ce fait cibler "le patrimoine non protégé appartenant à des propriétaires privés, ce qui était l’objectif affiché."

Or, "73% des projets retenus cette année sont en fait classés ou inscrits au titre des monuments historiques, et 62 % appartiennent à des propriétaires publics", notent les auteurs.

"Nous souhaitons qu'on s'intéresse davantage au privé et prônons une ouverture au mobilier pour pouvoir meubler des bâtiments anciens qui ont été dépouillés", a expliqué Sophie Mette devant la presse.

Les députés préconisent un contrôle du dispositif par le Parlement, à qui le gouvernement devrait selon eux fournir chaque année un bilan chiffré de l'opération.

Les auteurs saluent enfin le travail de Stéphane Bern, "sans qui ce projet n’aurait pas connu un tel succès, et qui a fait montre d’un investissement bénévole, sincère et réel, dont nous espérons vivement qu’il sera reconduit l’an prochain."

L'animateur s'est impliqué dans cette opération, y compris pour critiquer le gouvernement et réclamer une hausse de la part de la recette consacrée aux "vieilles pierres." "M. Stéphane Bern s'était élevé à juste titre contre le maintien des diverses taxes", a dit Michel Larive. "Il n'a pas donné juste son image, il s'est beaucoup investi dans le travail de découverte et de proposition." (Elizabeth Pineau avec Myriam Rivet, édité par Yves Clarisse)