* Valls ne juge pas "raisonnable" d'attendre 18 mois

* Les syndicats s'en tiennent à l'échéance de 2016

PARIS, 23 février (Reuters) - Manuel Valls reposera mercredi aux partenaires sociaux la question d'une accélération des négociations sur une nouvelle convention d'assurance-chômage, dont l'échéance est prévue en 2016, a-t-on déclaré lundi à Reuters dans son entourage.

Cette réunion à Matignon des dirigeants des organisations syndicales et patronales représentatives a pour principal objet la présentation des grands principes d'une future loi sur la modernisation du dialogue social dans l'entreprise.

Mais le Premier ministre n'entend pas s'en tenir à ce seul dossier, précise-t-on de même source. "Il va profiter de cette opportunité pour remettre en perspective les différents sujets de l'agenda social."

Ce n'est pas la première fois que Manuel Valls et son ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, souhaitent que les partenaires sociaux gestionnaires de l'Unedic se penchent sur les règles d'indemnisation du chômage et sur l'incitation à la reprise d'un emploi. Objectif : réduire le déficit de l'Unedic, aggravé par la montée du chômage en France.

En octobre, face à une levée de bouclier des syndicats et alors que la nouvelle convention Unedic n'était en vigueur que depuis un peu plus de trois mois, le Premier ministre avait renvoyé la discussion à l'échéance prévue de 2016. Mais Manuel Valls entend remettre le sujet sur la table mercredi.

"L'une des questions est de savoir comment se prépare la négociation à venir sur l'Unedic", dit-on de source proche du chef du gouvernement.

ACCORDS D'ENTREPRISES

"Est-ce qu'il est raisonnable d'imaginer d'envisager ça dans 18 mois, compte tenu de la trajectoire financière du régime ?" fait-on valoir de même source. "Est-ce qu'on attend le moment prévu en laissant dériver la trajectoire ou est-ce qu'on prend des mesures avant ?"

Si le Premier ministre paraît clairement en faveur d'une accélération des négociations sur une nouvelle convention, les syndicats ne l'entendent toujours pas de cette oreille.

La numéro 2 de la CFDT, Véronique Descacq, a ainsi déclaré lundi soir qu'une telle anticipation n'était "pas du tout" dans l'esprit de l'agenda social adopté le jour même par les partenaires sociaux pour 2015.

"Ce n'est pas du tout ce que veut la CFDT, en tout cas. L'échéance c'est bien 2016", a-t-elle ajouté. "Simplement, on mesure bien, compte tenu de l'importance des enjeux, qu'il y a un travail de préparation important à faire."

Du côté patronal, le négociateur du Medef, Jean-François Pilliard, a pour sa part pris soin de renvoyer toute décision sur le calendrier des négociations Unedic à la responsabilité des partenaires sociaux.

Manuel Valls compte aussi évoquer mercredi, parmi d'autres sujets, la possibilité de donner une plus grande latitude aux partenaires sociaux pour conclure des accords d'entreprise, y compris en matière d'organisation du travail.

"Il proposera une réflexion pour savoir si on a assez de marge de manoeuvre, assez de marge d'initiative, pour que l'on puisse par accord, au niveau de chaque entreprise, fixer ou aménager un certain nombre de règles", dit-on à Matignon. (Emmanuel Jarry, édité par Tangi Salaün)