* Réunions à l'Elysée et à Matignon

* Présentation du projet de réforme mercredi

* La CGT promet de "tenir" jusqu'au retrait de la réforme

* Nouvelles perturbations dans les transports (Actualisé avec prévisions SNCF/RATP, précisions)

PARIS, 8 décembre (Reuters) - Le gouvernement et les syndicats opposés au projet de réforme du système des retraites ont fourbi leurs armes dimanche avant une semaine cruciale dans leur affrontement autour de cette promesse de campagne d'Emmanuel Macron, objet d'un mouvement social massif qui continue de provoquer de fortes perturbations dans les transports en France.

Après un week-end de consultations, une réunion s'est tenue à Matignon dimanche soir autour du Premier ministre Edouard Philippe avec les ministres concernés par le dossier avant une rencontre en format élargi à l'Elysée autour du chef de l'Etat.

Rien n'a filtré de ces rencontres organisées à la veille d'une semaine politiquement et socialement chargée avec pour la journée de lundi un "déjeuner de calage" à l'Elysée en présence de ministres et de dirigeants de la majorité et une rencontre entre le haut commissaire aux Retraites Jean-Paul Delevoye et l'ensemble des partenaires sociaux.

Mardi, une nouvelle journée de manifestations et de grèves est organisée à l'appel de l'intersyndicale (CGT, FO, FSU, Solidaires, Fidl, Unef, MNL et UNL) avant la présentation, mercredi midi, par le Premier ministre de "l'intégralité" du projet de réforme devant le Conseil économique, social et environnemental (Cese).

Jusqu'à présent, l'exécutif n'est pas rentré dans les détails de son projet de réforme, qui vise à faire fusionner les 42 régimes de retraite existants en un système universel par points à partir de 2025 et qui suscite l'inquiétude des syndicats dont certains réclament le retrait pur et simple du projet.

Face à ces préoccupations et une mobilisation massive qui a fait descendre plus de 800.000 personnes dans la rue jeudi, l'exécutif a promis de faire preuve de pédagogie et de souplesse, notamment sur le rythme de mise en oeuvre de la réforme en fonction des spécificités de chaque profession.

"Mercredi, j’expliquerai, avec beaucoup de détails, le dispositif qu’on veut construire. Et je continuerai ensuite à l’expliquer", a indiqué Edouard Philippe dans une interview publiée dans le Journal du Dimanche dans laquelle il réaffirme sa détermination "à mener la réforme à son terme" tout "en respectant les gens".

QUEL CALENDRIER POUR LE RÉÉQUILIBRAGE?

Deux jours après les gestes d'ouverture du Premier ministre à l'égard des personnels de la RATP et de la SNCF (), le ministre de l'Economie a quant à lui confirmé dimanche que la question du calendrier du retour à l'équilibre du système des retraites - souhaité pour 2025 par l'exécutif - pouvait "faire partie des sujets de discussions".

"Quand est-ce que nous faisons cet équilibre financier ? Est-ce qu'il faut prendre un peu plus de temps pour que la pente ne soit pas trop raide pour ceux qui seront concernés ? Ça ne me pose aucune difficulté", a indiqué Bruno Le Maire sur France 3.

Une piste, déjà esquissée jeudi par le ministre de l'Action et des Comptes publics Gérald Darmanin, en forme de main tendue à la CFDT, seul syndicat favorable au régime universel à points mais qui refuse toute "mesure paramétrique" et tout "allongement de la durée du travail".

Les annonces du Premier ministre mercredi permettront de "clarifier le contenu et surtout le rythme de mise en oeuvre de la réforme des retraites", a promis la ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne dans l'émission Le Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI.

Sur les régimes spéciaux, "on ne va pas dire du jour au lendemain (aux agents de la SNCF et de la RATP) qu'on va tout changer", a-t-elle assuré dimanche.

"NOUS TIENDRONS JUSQU'AU RETRAIT"

Des engagements qui peinent à convaincre les syndicats, au premier rang desquels la CGT dont le secrétaire général Philippe Martinez a promis, dans les colonnes du JDD, qu'il tiendrait "jusqu'au retrait" de la réforme.

"En 1995, au début de la première manifestation, le premier ministre Alain Juppé avait dit que jamais il ne retirerait son projet. Les choses évoluent vite. Et la colère est grande. Le gouvernement devrait être attentif", a-t-il prévenu, jugeant les ministres "déconnectés d’un certain nombre de réalités".

"La balle est dans le camp du gouvernement (...) Qu’il entende la colère. Qu’il dise qu’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. Qu’il remette les compteurs à zéro", a-t-il poursuivi.

Même demande pour le secrétaire général de Force ouvrière Yves Veyrier qui a demandé sur BFM TV dimanche un "retour au point de départ, sans préalable" et assuré qu'il "ne négocierait pas la mise en oeuvre de ce que je qualifie un monstre, un danger pour les retraites de demain".

Pour la quatrième journée consécutive, le trafic SNCF et RATP a été encore très perturbé dimanche et devrait le rester pour la journée de lundi selon les prévisions annoncées dimanche soir par les deux groupes qui ont invité les usagers à limiter leurs déplacements dans la mesure du possible.

La SNCF prévoit d'assurer "entre 15% à 20% du trafic", avec un Transilien sur cinq, 19% du trafic TGV et un trafic international toujours "très perturbé". Concernant la RATP, seules les lignes automatiques 1 et 14 fonctionneront normalement et dix lignes de métro sur seize resteront fermées. (Bertrand Boucey et Marine Pennetier, avec Geert de Clercq)