PARIS, 13 janvier (Reuters) - Des violences ont ciblé samedi des journalistes dans toute la France lors de la mobilisation des "Gilets jaunes", un phénomène jugé croissant et dénoncé comme le signe d'une "haine du pluralisme" par l'organisation Reporters sans frontières (RSF).

Plusieurs incidents, certains filmés, ont vu des journalistes frappés ou menacés, leur matériel pris pour cible. A Toulouse, une journaliste de la Dépêche du Midi a été "menacée, insultée et violentée dans une voiture aux couleurs" du journal, a annoncé une de ses collègues sur Twitter.

A Rouen, des journalistes de LCI ont été frappés à terre par des manifestants portant des gilets jaunes, dans une scène filmée et diffusée sur les réseaux sociaux.

La directrice de la rédaction, Valérie Nataf, a annoncé sur Twitter que le groupe TF1 allait porter plainte contre les agresseurs après ces "violences inadmissibles".

A Toulon, des journalistes de l'AFP ont été pris à partie, molestés et on a tenté de casser leur matériel, a rapporté le secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), Christophe Deloire, sur france info.

"C'est une violence qui devient de plus en plus propagée contre les journalistes, tous les journalistes, quel que soit l'éditorial", estime Christophe, qualifiant les violences à Rouen de "lynchage" et appelant les pouvoirs publics à une "très forte" mobilisation.

"Il y a des actes de violence qui relèvent d'une haine du journalisme, qui est une haine du pluralisme, il y a une forme de chantage anti-démocratique très clair (..) C'est dire : si vous ne couvrez pas les évènements comme nous le souhaitons alors on se permet de vous tabasser", a-t-il poursuivi.

A Pau, dans les Pyrénées-Atlantiques, un journaliste local qui affirme avoir été identifié comme appartenant à BFM TV, a été frappé par un "Gilet jaune" devant les caméras.

Plus au nord, une trentaine de "Gilets jaunes" ont bloqué dans la nuit le dépôt de la Voix du Nord de Valenciennes, notamment par des feux de palettes, et empêché la distribution du journal, a déploré sur Twitter le directeur de la publication, Gabriel d'Harcourt.

(Julie Carriat, édité par Pierre Sérisier)