SAINTE-SOLINE, Deux-Sèvres, 25 mars (Reuters) - De violents affrontements ont éclaté samedi entre forces de l'ordre et manifestants protestant contre un projet de vaste réservoir de rétention d'eau à Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres.

Léna Lazare, du mouvement "Soulèvements de la Terre", l'un des organisateurs de la manifestation, a fait état sur BFMTV de "plusieurs dizaines" de blessés côté manifestants, dont trois en "urgence vitale", en dénonçant un "dispositif policier extrêmement agressif".

La préfecture des Deux-Sèvres a annoncé qu'une prise en charge de blessés était en cours, sans en préciser le nombre.

La gendarmerie a pour sa part dénoncé sur Twitter des "tirs de mortiers, jets de cocktails Molotov et de projectiles divers sur les gendarmes", qui s'efforçaient de "repousser les assauts d'une foule extrêmement violente".

Des véhicules de gendarmerie ont été incendiés, pouvait-on voir sur des images filmées par Reuters.

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a jugé "inqualifiable, insupportable" l'"extrême violence" contre les gendarmes de la part de "l'ultra gauche et l'extrême gauche".

La préfète du département, Emmanuelle Dubée, avait auparavant mis en garde dans un communiqué contre la présence de "plusieurs centaines d'individus radicaux préparant des actions violentes" en marge d'un rassemblement de "plusieurs dizaines de milliers de personnes" dans la commune voisine de Vanzay.

Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture, a affirmé sur France Inter que des machettes, des haches et des fusées de détresse avaient été saisies à la veille de cette manifestation interdite par les autorités pour des raisons de sécurité, pour laquelle 3.000 gendarmes ont été mobilisés.

Le vaste réservoir en cours de construction est destiné à l'irrigation des terres agricoles en période de sécheresse.

Les détracteurs de ce type de projet les qualifient de "méga-bassines" contribuant à assécher les nappes phréatiques au bénéfice d'une agriculture intensive qu'ils jugent dépassée dans le contexte du changement climatique.

Ces affrontements dans les Deux-Sèvres interviennent dans un climat social déjà extrêmement tendu en France.

Plusieurs villes, dont Paris, sont le théâtre de violences régulières depuis la décision du gouvernement le 16 mars de recourir à l'article 49.3 de la Constitution pour faire adopter son projet de réforme des retraites malgré plusieurs journées de grèves et de manifestations à l'appel des syndicats et l'hostilité, selon les sondages d'opinion, d'une majorité de la population. (Reportage Yves Herman et Marco Trujillo, rédigé par Bertrand Boucey, avec Gus Trompiz)