Le chef de l'Etat, qui tenait sa première conférence de presse, a insisté en outre sur la nécessité de réformer l'Etat et le système social pour le rendre plus efficace et plus juste.

"Nous vivons bien plus qu'une crise, nous vivons un changement du monde", a-t-il dit.

"Et c'est pourquoi depuis six mois, j'ai fait mes choix et je m'y tiens sans avoir besoin de prendre je ne sais quel tournant, je ne sais quel virage car ces choix sont conformes à mes engagements, à mes principes et surtout, aux intérêts de la France."

La situation économique de la France "est grave", a lancé le président, citant la hausse durable du chômage, "le décrochage productif" et "la perte continue de compétitivité depuis dix ans".

S'agissant des déficits publics, il a souligné que la France n'avait d'autre choix que de les ramener à 3% du PIB fin 2013, après 4,5% attendu fin 2012, pour conforter sa crédibilité sur les marchés financiers.

"Notre crédibilité est aujourd'hui assurée, les taux d'intérêt sur notre dette publique sont parmi les plus bas de notre histoire", a-t-il dit.

Les dépenses publiques seront réduites de 12 milliards d'euros par an, a-t-il poursuivi, en indiquant qu'elles devraient pouvoir prendre le relais des prélèvements, fortement relevés sur 2012 et 2013, pour atteindre l'équilibre des finances publiques à la fin du quinquennat.

Alors que la dépense publique atteint aujourd'hui 57% de la richesse nationale, "nous devons être capables de faire mieux en dépensant moins", a-t-il encore déclaré.

A un journaliste qui l'interrogeait sur le danger de politiques d'austérité généralisée en Europe, il a répondu que "c'est entre Européens que nous devons aussi nous poser ces questions-là, à quel rythme aller".

"Mais là encore je ne vais pas prendre un risque pour la France (...) Je réaffirme ici l'objectif d'avoir le déficit de 3% et pas davantage, et en même temps la volonté de croissance et la souplesse qui doit être aussi le comportement de l'Europe."

Pour stabiliser la zone euro, il s'est prononcé pour le versement d'une nouvelle aide à la Grèce, estimant que ce geste lui était dû au regard des efforts d'austérité mis en oeuvre.

"Je considère qu'au-delà encore des quelque mises au point de modalités techniques, ce soutien lui est dû, pour en terminer aussi avec ce qui a pu être un doute sur l'intégrité de la zone euro", a-t-il dit.

APPEL AUX PARTENAIRES SOCIAUX

Il a défendu d'autre part le pacte de compétitivité présenté la semaine passée par son gouvernement, qui repose sur un crédit d'impôt de 20 milliards d'euros pour les entreprises, dans lequel il voit un levier pour l'emploi, non pas un cadeau aux entreprises.

François Hollande a assumé le choix de relever la TVA pour le financer, alors qu'il avait exclu d'y recourir pendant la campagne électorale.

Privilégier la contribution sociale généralisée aurait été une alternative possible, mais "c'eut été prendre le risque de fausser la concertation voulue par le Premier ministre sur l'avenir du financement de la protection sociale", a-t-il indiqué, laissant ainsi la porte ouverte à une hausse de celle-ci.

En complément du plan de compétitivité, il a appelé les partenaires sociaux à un "compromis historique" sur la sécurisation de l'emploi, à deux jours de la reprise d'une négociation compliquée.

"J'appelle toutes les organisations syndicales (...) et les employeurs (...) à nouer cette négociation, à la conclure, et à faire ce compromis historique, sinon le gouvernement prendra là encore la décision", a-t-il indiqué avant de confirmer à nouveau sa volonté d'inverser la courbe du chômage à l'horizon fin 2013.

"Nous allons avoir une hausse du chômage continue pendant un an (...) C'est suffisamment douloureux pour que je le dise, nous allons nous concentrer à travers les armes nouvelles, les emplois d'avenir, les contrats de génération et le pacte de compétitivité, pour qu'à la fin de l'année (...) nous puissions inverser, inverser seulement la courbe du chômage."

Edité par Yves Clarisse

par Jean-Baptiste Vey et Yann Le Guernigou