Tokyo (awp/afp) - Le géant japonais du prêt-à-porter Fast Retailing (Uniqlo) est resté plutôt prudent à mi-parcours pour la suite de son exercice 2021/22 à cause des confinements en Chine, son deuxième marché, et a dévoilé des ambitions renforcées sur l'Amérique du Nord.

La Chine continentale, où les recettes des magasins Uniqlo représentaient un quart du chiffre d'affaires de Fast Retailing en 2020/21, est touchée par des flambées de cas d'infection au Covid-19 qui ont poussé les autorités à mettre en place des confinements drastiques, comme actuellement à Shanghai, ce qui pèse sur l'activité économique et laisse planer l'incertitude pour les mois à venir.

Au cours d'une conférence de presse jeudi, le PDG-fondateur de Fast Retailing, Tadashi Yanai, a qualifié de "très perturbants" les effets de la stratégie chinoise du "zéro Covid" sur les profits.

Sur l'ensemble de son exercice qui se terminera fin août, Fast Retailing table désormais sur un bénéfice net de 190 milliards de yens (1,42 milliards de francs suisses), contre 175 milliards de yens prévus précédemment.

Mais cette révision à la hausse, qui représenterait une progression de 11,9% sur un an, est due à la dépréciation du yen, tombé mercredi à son plus bas niveau depuis 20 ans face au dollar.

Grandes ambitions en Amérique du Nord

Fast Retailing table toujours sur un bénéfice opérationnel annuel de 270 milliards de yens (+8,4% sur un an) et sur des ventes à hauteur de 2200 milliards de yens, ce qui serait une modeste hausse de 3,1% sur un an.

Au Japon, son marché principal, les ventes du groupe ont été décevantes au premier semestre en raison notamment d'un effet de base négatif sur un an et des mesures de restrictions liées au Covid-19 qui ont pesé sur l'activité début 2022.

Mais Fast Retailing prévoit une forte augmentation de son bénéfice opérationnel et de ses ventes dans l'archipel dans la seconde partie de l'exercice.

Et la maison mère d'Uniqlo s'attend en Europe-Amérique du Nord à des ventes "considérablement plus fortes" qu'un an plus tôt et à un retour dans le vert dans ces deux régions qui constituent "le deuxième plus grand pilier" de revenus de sa marque phare à l'international, après la Chine.

Le groupe a par ailleurs annoncé jeudi son intention de renforcer significativement ses opérations en Amérique du Nord dans les années à venir.

Il vise l'exploitation de 200 magasins Uniqlo dans cinq ans aux États-Unis et au Canada, contre 57 actuellement, espérant des ventes annuelles dans cette zone à hauteur de 300 milliards de yens d'ici son exercice 2026/27.

Uniqlo s'est lancé à partir de 2005 en Amérique du Nord, mais a jusqu'à présent eu du mal à y connaître le même succès qu'en Asie.

"Opposé à la guerre"

Sur son premier semestre (de septembre dernier à fin février), le bénéfice net de Fast Retailing a bondi de 38,7% sur un an à 146,8 milliards de yens.

Son bénéfice opérationnel a augmenté de 12,7% à 189,3 milliards de yens, un niveau record pour un premier semestre du groupe.

Son chiffre d'affaires est lui resté quasiment stable sur un an (+1,3%) à 1219 milliards de yens.

M. Yanai, qui avait été critiqué en mars pour sa décision de maintenir l'activité d'Uniqlo en Russie au nom de sa neutralité malgré l'invasion de l'Ukraine, avant de faire volte-face trois jours plus tard, a longuement disserté jeudi sur la guerre, mais sans jamais citer les deux pays.

"Je suis fermement opposé à toute forme de guerre. Je condamne toute attaque qui viole les droits de l'homme et met en péril des vies pacifiques", a déclaré le PDG, ajoutant que la guerre devait être "arrêtée immédiatement".

"En ce sens, je pense que les entreprises ont un rôle majeur à jouer", a-t-il ajouté. Uniqlo avait le mois dernier expliqué la suspension de ses activités dans le pays du fait d'une "série de difficultés" dont des "problèmes opérationnels" et "l'aggravation du conflit" en Ukraine.

Uniqlo avait auparavant fait don de 10 millions de dollars et de 200'000 vêtements, couvertures et masques au Haut Commissariat des Nations unies face à la crise humanitaire en cours.

afp/fr