n°121 - 2021 Analyses et synthèses

Le marché de l'assurance vie

pendant la crise sanitaire

SYNTHÈSE GÉNÉRALE

La crise sanitaire de la COVID-19 a fortement pesé sur l'économie mondiale mais les mesures sanitaires nécessaires pour faire face à la pandémie ont touché différemment les pays et les secteurs économiques.

Dans ce contexte, en France l'assurance vie a démontré sa résilience. La collecte brute tous supports a baissé par rapport à 2019 (98,9 Md€ en 2020, contre 105,8 Md€ en 2019), mais le mouvement est essentiellement concentré lors du premier confinement. Après un bref épisode d'augmentation des rachats au début de la crise sanitaire, ces derniers ont significativement reculé pendant la période du confinement avant de revenir à un niveau proche de leur moyenne de long terme.

Le marché de l'assurance vie poursuit la transformation engagée dans l'environnement

de taux bas, au profit des supports en unités de compte. La collecte nette sur l'assurance- vie a connu une baisse marquée, qui s'établit à -7,0milliards d'euros en fin d'année après 7 années de croissance (+20,4 milliards d'euros en 2019) mais qui représente une faible part des encours sous gestion1 (0,3%). Les chiffres résultent d'une double tendance, les supports en euros ayant subi une décollecte nette de -30,9milliards d'euros en 2020 tandis que les supports en unités de compte connaissaient une collecte nette positive de 23,9 milliards d'euros.

L'épargne accumulée lors du confinement s'est orientée vers les dépôts bancaires qui ont augmenté de 149 milliards au cours de l'année, soit une hausse de 9,8% en un an (contre +5,5 % entre fin 2018 et fin 2019). Dans le même temps, les primes hebdomadaires sur les supports en euros ont baissé de façon importante (- 32 % en un an) tandis que les primes sur les supports en unités de compte ont significativement augmenté (+10 % en un an).

Étude2 réalisée par Cécile Fraysse, Saïda Baddou, Stéphane Jarrijon

Mots-clés : assurance vie, épargne

Codes JEL : G22

  1. L'encours total de l'assurance vie s'élève à environ 2100 milliards d'euros au troisième trimestre 2020. La décollecte nette tous supports représente 0,3 % de ce montant. Source : Banque de France. (2020). « Placements et patrimoine des ménages aux 2e et 3e trimestres 2020 », [en ligne]
  2. Cette étude s'appuie sur la collecte prudentielle sur les flux d'assurance vie réalisée par l'ACPR auprès d'environ 70 organismes. Elle se concentre sur l'analyse de la collecte sur les supports rachetables pour lesquels l'ACPR dispose d'un historique depuis 2011 et de la décomposition entre supports en euros et supports en unités de compte (UC).

Le marché de l'assurance vie pendant la crise sanitaire 2

SOMMAIRE

Contenu

L'assurance vie a fait preuve de résilience dans un contexte de crise sanitaire .....................................

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Un marché de l'assurance vie sous tension ............................................................................................

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Le marché de l'assurance vie pendant la crise sanitaire 3

L'assurance vie a fait preuve de résilience dans un contexte de crise sanitaire

1. L'assurance vie en France : un produit d'épargne de long terme

L'assurance vie est un produit d'épargne de long terme qui se décline en différents types de supports :

  • les fonds placés sur des supports en euros avec un capital garanti et des intérêts acquis une fois versés

Les fonds en euros représentent une partie substantielle des placements des ménages français3 et 31% de leur patrimoine financier au troisième trimestre 2020. Ils constituent le premier produit d'épargne des Français devant les dépôts bancaires rémunérés4. Le poids de ces supports dans le patrimoine financier des Français est de 38 % au troisième trimestre 20205.

  • les fonds placés sur d'autres types de supports comme les unités de compte Ici, l'assureur garantit seulement le nombre d'unités et non leur valeur.
  • et plus récemment, les contrats multi-supports, comme les contrats euro-croissance par exemple.

Le marché de l'assurance vie est relativement concentré. Les cinq premiers contributeurs (dont 4 bancassureurs) représentent 50 % des primes en 2020 (respectivement 80 % pour les quinze premiers).

Bien que les épargnants soient nombreux à détenir des contrats d'assurance vie (39 % des ménages

métropolitains en 20186), la plus grande part des fonds est concentrée en haut de la distribution des

revenus. En effet, la part de la détention des produits d'assurance dans le total du patrimoine financier

3Au troisième trimestre 2020, l'encours en fonds euros représente 81,7 % du total de l'encours des ménages en assurance vie (respectivement, 18,3 % pour l'encours des ménages en unités de compte). Source : Banque de France. (2020). « Placements et patrimoine des ménages aux 2e et 3e trimestres 2020 », [en ligne]

  1. Au deuxième trimestre 2020, l'encours de l'assurance vie en euros s'élevait à environ 1704 milliards d'euros, soit le premier des produits de taux, devant les dépôts bancaires rémunérés (à 1 077 milliards d'euros, comprenant entre autre l'épargne réglementée). Source : Banque de France. (2020). « Placements et patrimoine des ménages aux 2e et 3e trimestres 2020 », [en ligne]
  2. Source : Banque de France. (2020). « Placements et patrimoine des ménages aux 2e et 3e trimestres 2020 », [en ligne]

Voir également : Arrondel, L., Coffinet, J. (2015). « Le patrimoine et l'endettement des ménages français en 2015 : Enseignements de l'enquête européenne HFCS et comparaisons internationales », Revue de l'OFCE, N°161(1) :49 [en ligne]

6 INSEE. (2018). « Le patrimoine des ménages en 2018 », [en ligne]

Le marché de l'assurance vie pendant la crise sanitaire 4

s'accroît avec le décile de revenu : en 2015, le dernier décile détenait près de 80 % des fonds placés en assurance vie.7

L'intérêt de la détention d'un contrat d'assurance vie peut se justifier par trois raisons principales. D'abord, elle offre la possibilité aux épargnants de bénéficier d'un régime de fiscalité spécifique. Pour une durée de détention du contrat supérieure à huit ans, les produits correspondant aux versements effectués en dessous de 150 000 euros ne sont plus imposés au taux de 12,8 % mais de 7,5 %. En cas de rachat après huit ans, les détenteurs de produits d'assurance vie bénéficient aussi d'abattements fiscaux. Les versements au-delà de 70 ans sont en partie exonérés de droits de succession.

Ensuite, l'assurance vie offre la possibilité de bénéficier d'une épargne en prévision d'une retraite. Elle permet également de disposer d'une protection face au risque de décès ou de dépendance. Ainsi, 44,3% des ménages dont la personne de référence a 60 ans ou plus détiennent un produit d'assurance vie en 2018, contre 23,7% des moins de 30 ans8.

Enfin, il existe toujours un arbitrage entre la liquidité d'un produit (les produits les plus liquides étant généralement moins bien rémunérés) et son risque (les produits les plus risqués étant le plus souvent associés à une plus forte rémunération). Un produit d'assurance vie en fonds euros bénéficie d'un avantage historique, du fait d'un rendement plus élevé que les dépôts bancaires rémunérés, bien que le capital soit toujours garanti et disponible dans un délai d'un mois.

2. Une année caractérisée par une crise sanitaire, suivie par une crise

économique d'une ampleur exceptionnelle

Pour faire face à l'épidémie de COVID-19, la plupart des gouvernements ont mis en place des restrictions (confinement, couvre-feu, limitation des déplacements à une zone géographique donnée, fermeture de certains lieux publics, etc…) qui ont affecté l'activité économique mondiale. Celle-ci s'est contractée en 2020, selon le FMI, de l'ordre de - 3,5 %9. Au plan national, la Banque de France estime que la contraction du PIB devrait s'établir autour de - 9 % en 2020 et que le niveau d'activité de fin 2019 ne serait retrouvé que mi-202210.

Dans un environnement incertain, les valeurs boursières ont subi de fortes baisses en début d'année 2020, accentuant la volatilité sur les marchés actions. En effet, après avoir atteint un pic le 29 février 2020 à 6 111 points, le CAC 40 a subi une correction drastique, chutant à 3 754 points le 18 mars. Toutefois, la correction a été de courte durée et la crise économique liée à la crise sanitaire ne s'est pas accompagnée d'une crise financière, notamment du fait des mesures de soutien prises par les autorités nationales et européennes (avec parfois un aménagement du cadre réglementaire). Les organismes d'assurance qui disposaient de ratios de solvabilité solides avant la crise sanitaire (avec un taux moyen de couverture du capital de solvabilité requis (CSR) de 267 % fin 201911) ont pu préserver leur situation financière mais restent confrontés au prolongement de l'environnement de taux bas et à l'entrée des taux d'intérêt sans risque (emprunts d'état) en territoire négatif.

  1. Arrondel, L., Coffinet, J. (2015). « Le patrimoine et l'endettement des ménages français en 2015 : Enseignements de l'enquête européenne HFCS et comparaisons internationales », Revue de l'OFCE, N°161(1) :49 [en ligne]
  2. INSEE. (2018). « Le patrimoine des ménages en 2018 », [en ligne]
  3. Fonds Monétaire International. (2021). Mises à jour des perspective de l'économie mondiale, janvier 2021, 13 p.[en ligne]
  4. Banque de France. (2020). Projections économiques : décembre 2020, 14p. [en ligne]
  5. Ce chiffre concerne l'ensemble des organismes d'assurance. Source : ACPR. (2019). Les chiffres du marché français de la banque et de l'assurance, 184p. [en ligne]

Le marché de l'assurance vie pendant la crise sanitaire 5

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French Prudential Supervisory Authority published this content on 01 April 2021 and is solely responsible for the information contained therein. Distributed by Public, unedited and unaltered, on 01 April 2021 09:47:06 UTC.