CAP-HAITIEN, Haïti, 23 juillet (Reuters) - La délégation américaine et plusieurs autres dignitaires présents aux obsèques du président assassiné Jovenel Moïse ont été précipitamment reconduits dans leurs véhicules vendredi en Haïti à l'annonce de heurts entre police et manifestants à proximité du lieu des funérailles, à Cap-Haïtien.

Un journaliste de Reuters a pu voir des tirs de cartouches de gaz lacrymogène et entendu des détonations s'apparentant à des tirs d'armes à feu.

Aucune victime parmi les manifestants ou les responsables présents aux obsèques n'a été signalée et rien n'indique que des invités aient été en danger.

Les funérailles de l'ancien président, assassiné dans des circonstances encore mystérieuses dans la nuit du 6 au 7 juillet dans sa résidence près de Port-au-Prince, venaient de débuter dans sa ville natale de Cap-Haïtien, dans le nord d'Haïti.

Quelques minutes avant les incidents, une fanfare de cuivres et un choeur ont ouvert les funérailles catholiques de Jovenel Moïse. La messe a toutefois été ponctuée par les cris de colère de manifestants accusant les autorités de porter la responsabilité de la mort de l'ancien chef d'Etat.

"Pourquoi toutes ces mesures de sécurité ? Où étaient les policiers le jour de l'assassinat du président", a demandé un manifestant.

Linda Thomas-Greenfield, ambassadrice américaine aux Nations unies, s'est jointe à la cérémonie organisée à Cap-Haïtien, ville portuaire située dans le nord du pays. Selon la Maison blanche, la délégation américaine est saine et sauve, mais elle regagnera les Etats-Unis plus tôt que prévu.

Depuis l'assassinat du chef de l'Etat, qui a amplifié la crise dans laquelle est plongé le pays des Caraïbes, la police haïtienne a arrêté 18 ressortissants colombiens et trois binationaux américano-haïtiens. (Reportage Dave Graham, version française Jean-Stéphane Brosse et Nicolas Delame, édité par Sophie Louet)