Gay-Lussac Microcaps est le nouveau nom du fonds Raymond James Microcaps depuis le changement de contrôle de cette petite société de gestion qui s’appuie sur un processus d’investissement différenciant. Toujours très regardant sur la régularité de la performance des fonds et des sociétés dans lesquelles l’équipe investit, Louis de Fels revient sur les causes de la surperformance du fonds et sur les derniers choix de valeurs.


Louis de Fels, Gay-Lussac Gestion a pris son indépendance en rachetant les parts du groupe Raymond James Financial (56% de son capital) à travers un MBO. Cela occasionne- t-il des changements dans la façon de gérer le fonds ?

"Nous sommes heureux d’avoir pris notre indépendance et de détenir 100% du capital de notre société. Cela nous donne une bonne visibilité pour aller de l’avant. Cela a coïncidé avec une excellente performance des fonds que nous gérons, facilitant la dynamique de collecte qui est très bonne. Sur le compartiment des petites valeurs, notre fonds Gay-Lussac Microcaps est fermé depuis qu’il a franchit les 100 M€ d’encours et nous avons lancé dans notre Sicav Luxembourgeoise un nouveau fonds Raymond James Funds Smicrocaps, investi selon notre processus d’investissement historique dans des valeurs résolument plus européennes que Gay-Lussac Microcaps. Ces initiatives s’accompagnent d’un renforcement de l’équipe puisque nous sommes aujourd’hui 22 collaborateurs pour 1,6 milliard d’euros sous gestion."


Votre philosophie de gestion a pour objectif une performance annuelle du fonds de 7%. Celle-ci atteint déjà les 30% depuis le début de l’année, contre un indice à +22% à fin août. Cela ne va-t-il pas trop vite ?

"La hausse des petites et moyennes valeurs se fait dans des conditions saines. En effet, elle est en ligne avec l’ensemble du marché des actions et s’appuie sur une forte hausse des bénéfices par action. Cela n’était pas le cas en 2017 où l’engouement pour les small caps était lié à une forte collecte de la classe d’actifs qui forçait à investir les flux entrants. Cette année, l’effet collecte est neutre. Alors certes les multiples de valorisation en absolu sont assez élevés, mais ils le sont encore plus sur les grandes valeurs alors qu’historiquement les small caps bénéficient d’une prime de risque, surtout en période de reprise du cycle. La performance du fonds en tant que telle est le résultat de notre processus de gestion qui prouve qu’il fonctionne également en période de hausse des marchés. Structurellement surpondérés en valeurs technologiques, nous avons été portés par les bonnes nouvelles du secteur, tout en évitant les quelques mauvaises surprises. Je pense notamment à Esker, Sidetrade et aux ESN comme Aubay et SII. De plus, nous avons su sortir au printemps 2021 des valeurs cycliques achetées au début de la reprise du cycle fin 2020, comme Delfingen et Akwel, pour nous repositionner sur des valeurs de croissance visible générant des flux de trésorerie disponibles élevés et en croissance régulière. Cette thématique continue de nous porter dans un contexte de prolongement des politiques monétaires accommodantes."

Le fonds surperforme sa catégorie sur cinq ans (Source : Quantalys)

Avez-vous un thème d’investissement plus conjoncturel ?

"Toujours à la recherche de sociétés de niche bien managées, générant des flux de trésorerie disponible réguliers et en croissance, nous privilégions, en cette rentrée où l’inflation devient un sujet central, les sociétés dotées d’un pricing power élevé. C’est ainsi que deux secteurs ressortent dans nos récents achats. Tout d’abord les ESN de qualité, qui profitent de la pénurie d’ingénieurs dans un contexte d’accélération des besoins de digitalisation pour mieux gérer les talents que leurs concurrents et faire passer des hausses de prix. Nous avons ainsi renforcé Neurones, Aubay et Sword. Par ailleurs, la thématique logistique est thématique logistique a pris de l’importance dans le fonds avec des renforts de nos lignes Clasquin et Generix. Enfin, le distributeur de matériaux Samse, que nous avons récemment renforcé et qui vient de publier d’excellents résultats, passe sans problème les hausses de prix à des clients concentrés sur la disponibilité des produits."

Source : reporting du fonds à fin août.

Le fonds étant fermé, comment avez-vous financé ces achats ?

"Notre poche de liquidité est restée stable, autour de 10%. Elle nous permet de saisir d’éventuelles opportunités et de ne pas nous faire surprendre en cas de rachats de parts. Nous avons donc pris quelques bénéfices sur des valeurs comme Pharmanutra qui avaient très vite monté, et sorti seulement une valeur récemment : Xilam. Il nous a en effet semblé que cet acteur de l’animation peinait à délivrer son plan de croissance depuis quelques trimestres, accusant du retard au niveau de la production qu’il justifie par des restrictions sanitaires."

Performance du fonds sur cinq ans : point bleu sur le graphique de droite (Source : Quantalys)
(Les performances passées ne sont pas un indicateur fiable des performances futures et ne sont pas constantes dans le temps)