par Alistair Smout et Paul Sandle

LONDRES, 25 janvier (Reuters) - La police londonienne a annoncé mardi l'ouverture d'une enquête sur les fêtes présumées illégales qui se sont tenues au 10, Downing Street, lors des confinements contre le COVID-19, à la suite d'une énième révélation dans le "partygate" qui fragilise dangereusement Boris Johnson.

Les services du Premier ministre britannique se sont efforcés mardi de minimiser une nouvelle information embarrassante émanant d'ITV : l'organisation d'une fête d'anniversaire en son honneur en juin 2020, qui s'ajoute à une série de fuites désastreuses sur la tenue de plusieurs événements dans sa résidence officielle, alors que les rassemblements étaient strictement interdits.

"Je confirme que la Metropolitan Police enquête sur plusieurs événements qui se sont tenus à Downing Street et Whitehall ces deux dernières années, en lien avec de potentielles infractions aux règles relatives au COVID-19", a déclaré la chef de la police, Cressida Dick, lors d'une réunion de l'assemblée du Grand Londres.

Boris Johnson s'est félicité de ces investigations devant le Parlement, estimant qu'elle permettraient de donner "à l'opinion publique la clarté nécessaire et [d']aider à clore le dossier".

Un porte-parole du chef du gouvernement britannique a souligné que ce dernier ne considérait pas avoir enfreint les protocoles sanitaires imposées à l'époque.

La chaîne ITV a rapporté lundi qu'une fête d'anniversaire pour "Bojo" avait rassemblé jusqu'à trente personnes dans la salle du conseil du 10, Downing Street, bureau et résidence officielle du chef du gouvernement à Londres.

"Un groupe de membres du personnel travaillant ce jour-là au n°10 (Downing Street) s'est brièvement rassemblé au sein de la salle du conseil à l'issue d'une réunion pour souhaiter au Premier ministre un joyeux anniversaire. Il a été présent moins de dix minutes", ont déclaré les services du Premier ministre en réponse à ITV.

Les participants ont offert un gâteau d'anniversaire à Boris Johnson en présence de sa future épouse Carrie, mais il s'agissait d'une surprise et rien n'avait été préparé en amont par le Premier ministre, a déclaré le ministre des Transports, Grant Shapps, mardi sur l'antenne de Sky News.

"ERREURS"

"Je comprends le sentiment de préoccupation face à ces informations que l'on voit à la une des journaux", a-t-il reconnu, ajoutant que "des erreurs ont été faites".

Depuis plusieurs semaines, les articles de la presse détaillant les nombreuses entorses au confinement à Downing Street en 2020 et 2021 pèsent sur la cote de popularité du chef du gouvernement.

Boris Johnson s'est défendu publiquement à plusieurs reprises en estimant ne pas avoir enfreint de règles tout en présentant ses excuses au peuple britannique.

Le rapport d'une enquête interne menée par Sue Gray, haute fonctionnaire au Cabinet Office, est attendu cette semaine mais sa publication pourrait être retardée par l'enquête de police. Le Cabinet Office a déclaré que ses investigations se poursuivaient et qu'il était en contact permanent avec la police londonienne.

La police n'a pas donné de calendrier pour ses investigations. "Avec cette enquête, le cauchemar empire", a déploré sur Twitter le conservateur David Davis.

"Je demande à la chambre (des Communes) d'attendre les conclusions de l'enquête (du Cabinet office) et que la police achève son travail", a déclaré le "paymaster general" (trésorier-payeur général) Michael Ellis.

Le chef de l'opposition travailliste, Keir Starmer, a de nouveau réclamé la démission du Premier ministre "qui pense que les règles qu'il a fixées ne s'appliquent pas à lui-même".

Boris Johnson serait menacé de devoir démissionner si 54 des 360 conservateurs qui siègent à la Chambre des communes prenaient l'initiative d'écrire chacun une lettre de défiance au président du "comité 1922", un groupe de parlementaires tories.

Ce seuil n'a pas encore été franchi, plusieurs élus conservateurs disant vouloir attendre les résultats de l'enquête interne. (Reportage Alistair Smout et Paul Sandle; version française Jean-Stéphane Brosse et Sophie Louet, édité par Blandine Hénault)