LONDRES (Reuters) - Le Premier ministre Boris Johnson, dans la tourmente après une série de révélations sur la tenue de fêtes au 10, Downing Street en plein confinement, a assuré mercredi au Parlement n'avoir pas l'intention de démissionner.

Porté à la tête du gouvernement par sa promesse de "faire le Brexit", Boris Johnson a permis à son Parti conservateur d'obtenir en 2019 sa plus large majorité au Parlement depuis une trentaine d'années mais il est aujourd'hui sous la menace des députés de son propre camp.

Ses excuses répétées, et ses affirmations selon lesquelles il n'était pas au courant de l'organisation de la plupart des fêtes par ses propres services, n'ont guère convaincu ses détracteurs, qui fustigent le contraste avec les sacrifices demandés à l'époque aux Britanniques.

"J'ai passé des semaines et des mois à défendre le Premier ministre contre des électeurs souvent en colère", a déclaré le député conservateur David Davis devant le Parlement.

"Mais j'attends de mes dirigeants qu'ils assument la responsabilité des actions qu'ils entreprennent."

Cet élu a ensuite cité une célèbre déclaration du député Leo Amery adressée en 1940 au Premier ministre de l'époque, Neville Chamberlain, sur sa gestion de la guerre. "Vous êtes resté assis là trop longtemps pour le bien que vous avez fait. Au nom de Dieu, partez."

Interrogé directement par un autre député sur sa volonté de démissionner, Boris Johnson a répondu : "Non".

DÉFECTION

Pour qu'un débat s'ouvre sur l'éviction de Boris Johnson de la tête du Parti conservateur - et par ricochet du gouvernement -, il faut au préalable que 54 des 360 élus conservateurs adressent une lettre de défiance au président du "Comité de 1922", un groupe parlementaire des Tories à la Chambre des communes.

Or, selon la presse britannique, ce scénario pourrait se réaliser. D'après le journal The Telegraph, une vingtaine de députés élus pour la première fois en 2019 ont l'intention de lancer cette démarche, la BBC estimant de son côté que le seuil fatidique de 54 pourrait être atteint.

Le journal The Times a calculé que 58 députés conservateurs avaient publiquement critiqué Boris Johnson, formant un réservoir suffisant de "frondeurs" s'ils décident de passer à l'action.

Il est difficile de se faire une idée précise du nombre de lettres de défiance, celles-ci restant confidentielles et donc connues du seul président du "Comité 1922".

Symbole du mécontentement, le député conservateur Christian Wakeford a annoncé mercredi quitter les rangs du parti de Boris Johnson pour rejoindre les travaillistes (Labour).

"Ma décision concerne bien plus que votre leadership et la façon honteuse dont vous vous êtes conduit ces dernières semaines", a-t-il déclaré à l'attention de Boris Johnson.

"Je ne peux plus soutenir un gouvernement qui s'est montré constamment déconnecté de la population laborieuse de (la circonscription de) Bury South et du pays dans son ensemble."

(Reportage William James, Alistair Smout, Andrew MacAskill et Guy Faulconbridge, version française Tangi Salaün et Blandine Hénault, édité par Jean-Stéphane Brosse)