Londres (awp/afp) - L'inflation au Royaume-Uni a ralenti en septembre, constituant une bonne nouvelle de plus pour le pouvoir d'achat des Britanniques au lendemain de chiffres encourageants sur les salaires et à un moment délicat pour l'économie du pays à quelques mois du Brexit.

La hausse des prix a atteint 2,4% sur un an, selon un chiffre dévoilé par l'Office des statistiques nationales (ONS) mercredi.

Cette progression est plus faible qu'anticipé par le consensus des économistes établi par Bloomberg (2,6%) et marque un apaisement après une accélération surprise à 2,7% en août.

L'inflation britannique avait atteint un pic en novembre 2017 à 3,1%, nourrie alors par le renchérissement des biens importés consécutif au plongeon de la livre en raison du Brexit. Elle avait par la suite progressivement reflué début 2018, à mesure que la livre reprenait des couleurs, avant de connaître une nouvelle accélération au début de cet été.

Les données pour le mois de septembre laissent penser que la hausse des derniers mois pourrait n'avoir été qu'une parenthèse, ce qui devrait être accueilli favorablement par les Britanniques dont le pouvoir d'achat a été sous pression ces derniers temps.

"L'alimentaire a été le principal facteur ayant pesé sur l'inflation puisque la hausse des prix de septembre de l'année dernière ne s'est pas reproduite, alors que les prix des ferrys ont reculé après leur pic surprise de cet été", relève Mike Hardie, statisticien à l'ONS.

Les prix dans l'alimentaire n'ont progressé que de 1,5% en septembre, soit nettement moins que les mois précédents, et ont même reculé de 0,4% dans l'habillement. Dans le transport maritime, les prix ont baissé de 1,4% après une envolée de 13,9% en août.

En revanche, l'inflation dans l'énergie est restée vive, en accélération à 9,3% dans l'électricité.

'Nouvelle bienvenue'

Au total, la publication est "une nouvelle bienvenue pour les consommateurs et la Banque d'Angleterre", laquelle a augmenté ses taux en août pour justement limiter l'inflation, note Howard Archer, économiste chez EY Item Club.

Le ralentissement de l'inflation pourrait même faciliter la tâche de l'institution monétaire, qui devrait attendre un peu avant de poursuivre son resserrement monétaire, notamment en raison des grandes incertitudes entourant les discussions sur le Brexit.

Les chiffres de l'inflation sont publiés en outre au lendemain de ceux témoignant d'une nette hausse des salaires au Royaume-Uni, lesquels ont progressé à fin août à leur rythme le plus élevé en près de dix ans à 3,1% hors primes, ce qui a permis d'améliorer le pouvoir d'achat des Britanniques après une période difficile.

"La différence entre les salaires et les prix signifie que nous voyons à nouveau les salaires réels augmenter, ce qui est bon signe pour les perspectives de croissance économique", souligne Joshua Mahony, analyste chez IG.

La consommation des ménages est l'un des moteurs essentiels, aux côtés de l'investissement des entreprises, de l'économie britannique. Or cette dernière a ralenti la cadence depuis deux ans en particulier compte tenu des incertitudes du Brexit dont les négociations sont dans leur dernière ligne droite.

Les prévisions pour l'année 2018 restent toutefois peu téméraires. Des économistes indépendants interrogés par le Trésor britannique s'attendent en moyenne à une croissance modeste de 1,3% en 2018, soit moins qu'en 2017.

Mais ils tablent sur une reprise à 1,5% en 2019, en considérant que Londres et Bruxelles trouveront un accord sur leur divorce prévu fin mars 2019.

Car tous sont conscients qu'un Brexit sans accord, craint par les milieux d'affaires, aurait des conséquences particulièrement néfastes sur l'activité, ce qui a été pointé par de nombreuses institutions économiques, comme le Fonds monétaire international (FMI) ou la Banque d'Angleterre.

afp/jh