Londres (awp/afp) - Le taux d'inflation au Royaume-Uni s'est maintenu à 1,7% en septembre, inchangé comparé au mois d'août et au plus bas depuis novembre 2016, même si nombre d'économistes s'inquiètent d'une possible poussée à venir en cas de Brexit sans accord.

A deux semaines du Brexit, cet indicateur est resté stable entre une baisse des prix des carburants et une hausse des prix des meubles et équipements pour la maison et des divertissements, a indiqué mercredi le Bureau national des statistiques (ONS).

Ce taux, inférieur aux prévisions des analystes, reste également en dessous de la cible de la Banque d'Angleterre d'une hausse des prix à la consommation de 2% sur un an.

"Ces chiffres sont en ligne avec les prévisions de la Banque d'Angleterre", qui s'attend notamment à ce que "la croissance reste faible en raison des incertitudes sur la sortie britannique de l'Union européenne et à ce que l'inflation recule à court terme à cause d'un repli des prix de l'énergie", commente l'ONS.

Pour Debapratim De, économiste au cabinet Deloitte, le fait que les prix aient stagné le mois dernier "soutient la consommation et c'est une bonne nouvelle pour la croissance en temps d'activité industrielle et d'investissement plus faibles. Cela donne aussi à la Banque d'Angleterre de la marge pour baisser les taux, si nécessaire".

"Mais au vu de la croissance des salaires, la plus rapide en plus de dix ans" et depuis la crise financière, à laquelle s'ajoute "la volatilité des prix du brut (...) la période de faible inflation ne va peut-être pas durer, particulièrement en cas de Brexit sans accord", ajoute-t-il.

Les cours du brut, revenus autour de leur niveau d'août, se sont envolés courant septembre après l'attaque sur des installations pétrolières en Arabie saoudite, avant de retomber nettement sur les craintes liées à la croissance mondiale.

Pour les analystes de la maison de recherche Pantheon Macro, les chiffres de l'inflation pour septembre tempèrent "les chances que le comité de politique monétaire de la Banque d'Angleterre ne baisse ses taux dans les six mois à venir".

Dennis Novy, professeur d'économie à l'université de Warwick, souligne que le Royaume-Uni a connu une envolée de l'inflation en 2016 après le référendum sur le Brexit, qui avait fait chuter brutalement la livre d'environ 10%, ce qui s'était traduit par une hausse des prix dans les mois suivants.

Depuis, la devise britannique, qui cotait mercredi autour de 1,27 dollar et 86,45 pence pour un euro, reste très volatile mais évolue toutefois dans un intervalle plus restreint.

"La livre ne s'est pas effondrée comme en 2016", souligne Dennis Novy.

Il prédit toutefois que "si, soudainement, nous avions un Brexit sans accord, l'économie connaîtrait de nouveau un choc de même ampleur".

Pour lutter contre les risques d'un regain d'inflation, le gouvernement de Boris Johnson a récemment annoncé qu'une majorité d'importations en provenance de l'UE serait exemptée de droits de douanes en cas de "no deal".

Les négociations marathon battent leur plein à Bruxelles pour éviter cette perspective redoutée des milieux d'affaires.

Pour M. Novy, la morosité actuelle de l'économie britannique, qui flirte avec la récession depuis plusieurs mois, éloigne aussi la perspective d'une poussée d'inflation: dans ce contexte, "les entreprises hésitent à relever leurs prix".

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